
Les prix du pétrole continuaient à baisser lundi en fin d'échanges européens, après un plongeon à leur plus bas niveau depuis un an dans la matinée, l'annonce d'une forte hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis s'étant ajoutée aux craintes sur la demande.
Vers 16H00 GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 81,86 dollars, cédant 2,80 dollars par rapport à son cours de clôture de mardi soir.
A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance valait 87 dollars, perdant 3,06 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Après un petit rebond la veille --de 2,25 dollars à New York et 98 cents à Londres--, les prix du pétrole ont touché de nouveaux plus bas mercredi matin : ils sont tombés 81 dollars à Londres et 86,05 dollars à New York, des niveaux plus vus depuis le 15 octobre 2007.
A la mi-journée, les prix du pétrole ont repris brièvement quelques couleurs vers 11H00 GMT, après l'annonce d'une baisse concertée des taux par six banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed).
Mais la morosité a cependant rapidement repris le dessus quand les opérateurs ont appris que les réserves pétrolières américaines s'étaient très fortement étoffées : les réserves de brut ont augmenté de 8,1 millions de barils (mb) la semaine dernière, celles d'essence de 7,2 mb. Les analystes prévoyaient des hausses bien moindres, de respectivement 2,3 mb et 1,1 mb.
Quant à la demande, elle a poursuivi son recul: sur les quatre dernières semaines, les Américains ont consommé en moyenne 18,7 millions de barils par jour de produits pétroliers, en baisse de 8,6% comparé à un an plus tôt.
"Ces chiffres sont assurément positifs pour l'état des approvisionnements aux Etats-Unis. Ils renforcent la possibilité d'un passage des cours sous le seuil de 80 dollars demain (jeudi) ou même ce soir (vendredi)", a commenté Veronica Smart, du cabinet indépendant Energy Information Centre.
La crise financière mondiale et son impact négatif sur l'économie réelle augurent en effet d'une forte dégradation des perspectives de demande.
L'agence gouvernementale américaine d'information sur l'énergie (EIA) a ainsi nettement revu, mardi, à la baisse son estimation de prix du baril de pétrole pour 2009, à 112 dollars, et a prévenu que la crise financière pourrait conduire à des prix encore plus bas.
L'agence estime désormais la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2008 à 300.000 barils par jour en moyenne, soit près de 350.000 barils par jour de moins que son estimation précédente.
La baisse des prix résulte aussi directement de la crise bancaire, sachant que les banques sont des opérateurs essentiels du marché pétrolier.
Face à l'effondrement des prix, les producteurs manifestent une inquiétude grandissante et le scénario d'une riposte de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prend de la consistance.
Le cartel envisage de tenir une réunion extraordinaire le 18 novembre à Vienne pour examiner la situation du marché pétrolier à la lumière de la crise financière mondiale, a ainsi annoncé mercredi l'agence officielle algérienne APS.
Cette réunion aurait donc lieu un mois avant la réunion extraordinaire du cartel prévue le 17 décembre à Oran (Algérie).
Plus tôt dans la journée, le ministre du Pétrole du Qatar s'était dit favorable à une réunion d'urgence de l'Opep. La veille son homologue libyen avait appelé tous les producteurs à réduire leur production.