Les cours du pétrole piquaient à nouveau du nez lundi en fin d'après-midi, les inquiétudes sur la consommation mondiale d'or noir l'emportant sur la crainte que le conflit en Géorgie n'affecte les acheminemenent de pétrole brut azéri.
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de brent pour livraison en septembre perdait 1,89 dollar à 111,44 dollars en fin d'après-midi, par rapport à la clôture de vendredi soir, sur l'InterContinental Exchange de Londres.
A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre cédait 2 dollars à 113,20 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les prix ont touché 111,07 dollars à Londres et 112,83 dollars à New York, des plus bas depuis le 1er mai.
"En dépit de tensions géopolitiques menaçantes, les prix ne se sont appréciés que modestement aujourd'hui, ce qui montre que le marché a choisi de se concentrer sur les craintes de récession mondiale" et leur impact potentiel sur la demande de pétrole, ont constaté les analystes de la banque Barclays Capital.
"Les craintes de destruction de la demande écrasent toutes les nouvelles haussières", a renchéri Nimit Khamar, analyste de la maison de courtage Sucden.
S'ajoutant aux signes nombreux d'essouflement de la consommation mondiale d'hydrocarbures, le raffermissement du billet vert, qui atteint vendredi un plus haut depuis cinq mois face à l'euro, décourage les achats sur le marché pétrolier.
"Il existe une crainte réelle qu'une croissance économique mondiale poussive ne réduise la demande pétrolière, surtout aux prix subis le mois dernier (à près de 150 dollars le baril, NDLR), a ajouté Nimit Khamar.
Cependant, pour les analystes de la banque Barclays Capital, les craintes sur la consommation d'or noir sont exagérées.
"Selon nous, l'essouflement de la demande dans les pays industrialisés est compensé par la consommation robuste des pays émergents, une vision confirmée par les chiffres provisoires du commerce extérieurs chinois publiés cette nuit", ont-ils observé.
Les importations de produits pétroliers en Chine ont progressé de 16,7% sur un an, à 1,3 million de barils par jour, bien que les importations de brut aient, elles, baissé de 7% sur la même période, à 3,3 millions de barils par jour, ont-ils rapporté.
En un mois, le pétrole a donc lâché plus de 36 dollars à Londres par rapport à ses records du 11 juillet (147,50 dollars à Londres et 147,27 dollars à New York), près d'un quart de sa valeur.
Le raffermissement des cours du brut, remonté à plus de 116 dollars dans la matinée en raison des craintes liées au conflit en Géorgie, a donc fait long feu.
"Le marché a fait la sourde oreille aux problèmes de l'oléoduc BTC et à l'escalade du conflit entre la Russie et la Géorgie", a souligné Nimit Khamar.
L'Azerbaïdjan a suspendu ses exportations de pétrole via les ports géorgiens de Koulevi et Batoumi en raison de ce conflit.
Les opérateurs avaient craint également que le conflit n'affecte l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), long de 1.774 km, qui achemine, depuis 1996, le pétrole des champs pétrolifères azerbaïdjanais de la mer Caspienne vers le port turc de Ceyhan sur la Méditerranée avec une capacité de 1,2 million de barils par jour.
Le Premier ministre géorgien, Lado Gourgenidze, a annoncé que l'aviation russe avait effectué samedi des bombardements à proximité de cet oléoduc qui n'a cependant pas été endommagé.