Les Places boursières mondiales ont creusé leurs pertes alors que la santé de l'économie américaine continue de susciter l'inquiétude. Le Dow Jones affichait vendredi à mi-séance un repli de 1,94% à 11069 points. En Europe, l'indice CAC 40 a fini la semaine en baisse de 3,88% à 4101 points, pour toucher un nouveau plus bas depuis trois ans. En perdant plus de 20% depuis le record historique du Dow Jones d'octobre 2007, la Bourse américaine semble être entrée dans un cycle de de « Bear Market », c'est à dire structurellement baissier. Les déboires des valeurs financières ont continué d'alimenter le pessimisme des investisseurs, à l'image de l'effondrement de Lehman Brothers et des agences hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac. A Paris, le secteur bancaire a suivi cette tendance.
Les valeurs bancaires ont ainsi poursuivi leur chute la semaine dernière et le net rebond observé mercredi n'a pas inversé une tendance qui se prolonge depuis l'éclatement de la crise des subprimes. En un an, Dexia a perdu plus de 63% de sa valeur, Société Générale près de 60%, BNP Paribas 36%. Hors CAC 40, le titre de Natixis a touché vendredi un nouveau plus bas historique à 5,80 euros. Credit Suisse prévoit un retour des comptes dans le rouge, après une perte au quatrième trimestre 2007 et n'exclu pas de nouvelles dépréciations.
Autres secteurs sanctionnés par les investisseurs, la distribution et l'automobile. Carrefour a chuté de 7,35% à 30,75 euros affecté par des ventes décevantes au deuxième trimestre. Avec la hausse des prix de l'essence, les consommateurs délaissent les hypermarchés, trop éloignés, au profit du commerce de proximité et du maxidiscount. Déçu, Deutsche Bank a abaissé son objectif de cours de 45 à 41 euros et maintenu sa recommandation Conserver. Le broker est particulièrement négatif concernant le management du groupe, évoquant les «faux départs», le «mauvais positionnement commercial» et la «mauvaise stratégie» mise en place concernant les hypermarchés.
Autre grande capitalisation française, Renault a reculé de 5,74% à 49,23 euros cette semaine. Depuis le début de l'année, le titre du constructeur français a perdu pr de la moitié de sa valeur. Pris en tenailles entre la hausse des coûts des matières premières et le ralentissement de la demande, Renault devrait enregistrer en 2008 une croissance comprise entre 5 et 10%, «avec une probabilité plus forte d'être dans le bas de la fourchette», a estimé mercredi la direction du groupe. Peu avant cette annonce, CM-CIC avait abaissé sa recommandation sur le titre de Conserver à Alléger en réduisant son objectif de cours de 72 à 51 euros. Le broker estime qu'il y a une «conjonction d'éléments défavorables » dans le secteur automobile.
Le vent mauvais qui souffle sur les marchés a épargné quelques valeurs au premier rang desquelles Clarins et Orpéa. Le titre Clarins a bondi mardi de plus de 25% dès la reprise de sa cotation pour s'ajuster pratiquement au prix de l'offre de rachat de 55,50 euros par action lancée par le groupe auprès de ses minoritaires. Agacée par les rumeurs récurrentes sur un éventuel rachat, la famille Courtin-Clarins a décidé le 26 juin de retirer le groupe de la cote. La société familiale de cosmétiques a déposé auprès de l'AMF un projet d'OPA simplifié sur les actions des minoritaires qui représentent 30,6% du capital. L'offre débutera le 18 juillet pour s'achever le 5 septembre. Pour Goldman Sachs, l'offre de la famille Courtin-Clarins de racheter les parts des actionnaires minoritaires représente un opportunité financière intéressante. Vendredi soir, le titre cotait 55,44 euros, en hausse de 27% sur quatre séances.
Orpea a progressé de 8,04% mardi pour achever la semaine sur une hausse de 14,33% à 32,80 euros. Le propriétaire de maisons de retraite a publié un chiffre d'affaires semestriel solide et dévoilé des prévisions optimistes. La vitalité du français contraste avec celle de son concurrent britannique Southern Cross Healthcare, contraint le mois dernier à un profit warning. Pour Morgan Stanley, cette publication offre un point d'entrée attractif pour un titre plein d'avenir. Deutsche Bank a relevé sa recommandation sur la valeur de Conserver à Achat. Le broker a souligné la qualité du management, la solidité des fondamentaux du secteur et la sous-performance du titre comparé à l'indice CAC 40.