Goldman Sachs a relevé sa recommandation de Vendre à Neutre avec un objectif de cours de 27,50 euros sur Thales. Le bureau d'études a justifié sa décision par la baisse d'environ 20% de l'action en raison de la chute des Bourses, mais aussi des inquiétudes à propos des dépenses du gouvernement français. Le broker a réduit ses prévisions de bénéfice par action de 3% pour 2012 et de 7% pour 2013 afin de rendre en compte une croissance mondiale et des dépenses du gouvernement français plus faibles.
Si l'analyste estime que Thales éprouvera des difficultés à afficher de la croissance pour ses activités liées à la défense et aux gouvernements, le groupe pourrait en revanche améliorer sa rentabilité opérationnelle (Ebita). Il craint cependant qu'une partie importante des économies prévues par le groupe ne soit rétrocédées aux clients dans un contexte concurrentiel de plus en plus intense.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Avec 75% de ses ventes réalisées avec des gouvernements ou des institutionnels à travers des contrats longs, Thales représente la valeur la plus défensive du secteur ;
- La moitié de l'activité de Thales est par ailleurs réalisée sur des segments hors défense en forte croissance comme la sécurité (25% du CA), ce qui lui permet de compenser les éventuelles baisses de dépenses dans la défense en période d'austérité budgétaire ;
- Luc Vigneron, le nouveau président, met en place un plan de retour à la rentabilité en trois volets : réduction des coûts de non-qualité et amélioration de la satisfaction des clients ; amélioration de l'efficacité des processus d'ingénierie, d'industrialisation et d'achat, tout en augmentant l'efficience des systèmes d'information ; baisse des frais de fonctionnement. Les divisions du groupe ont également été réorganisées ;
- La nomination du nouveau président a été concomitante à l'arrivée de Dassault Aviation comme actionnaire industriel de référence. Dassault Aviation est décidé à jouer un rôle proactif dans la gestion de Thales ;
- Depuis le rachat du britannique Racal en 2000, le groupe est un acteur de la défense avec lequel il faut compter outre-Manche. Il se pose en véritable concurrent du champion national BAE Systems.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité reste faible. Les premiers effets du plan de restructuration ne sont pas attendus avant 2012 ;
- Les investisseurs craignent que les plans d'austérité en Europe n'amputent davantage les budgets défense. La tendance était déjà à la baisse des budgets militaires dans les pays industrialisés ;
- Thales ne réalise qu'une portion limitée de son chiffre d'affaires défense aux Etats-Unis, pays qui demeure néanmoins de très loin le premier marché du secteur ;
- La communication du groupe sur le nouveau plan de restructuration n'a pas convaincu les marchés. Alors que ces annonces auraient d- rassurer les investisseurs sur ses perspectives de profitabilité, celles-ci ont finalement brouillé l'image du groupe ;
- La décision de Thales de faire appel de la décision du tribunal arbitral condamnant le groupe à verser 630 millions d'euros à Taîwan dans l'affaire des frégates risque de faire durer ce litige, ce qui continuera de peser sur la visibilité.
Comment suivre la valeur
- Thales est une valeur de restructuration ;
- Valeur du secteur défense, Thales est sensible à l'évolution des dépenses des gouvernements en matière militaire ;
- En raison de ses activités aéronautiques, la société est également soumise aux cycles de ce secteur ;
- Thales est également une valeur sensible aux fluctuations du dollar ;
- La refonte du groupe initiée par la nouvelle direction devrait aboutir à une réappréciation boursière significative. Mais cette réorganisation n'est pas sans risques. La capacité du management à convaincre les employés sera déterminante ;
- La consolidation du secteur est à suivre. Thales est en discussion avec plusieurs groupes (Safran, Nexter, DCNS) pour des partenariats ou prise de participation. Ces projets sont largement insufflés par l'Etat.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les compagnies aériennes américaines s'apprêtent à renouveler leur flotte vieillissante, ce qui représente une formidable opportunité pour Airbus et Boeing. En effet, les moyens et longs courriers détenus par American Airlines, delta et United, qui a fusionné avec Continental, appartiennent à l'ancienne génération d'appareils, très gourmands en carburant. Ils sont également de plus en plus chers à entretenir. Les experts estiment que 5 000 appareils devraient être remplacés à court terme, dont 70% aux Etats-Unis. Ce pic de commandes aux Etats-Unis devrait générer un pic de livraisons en 2016. Sur les 460 moyen-courriers «économes» commandés par American Airlines, 260 ont concerné l'Airbus A320 et 200 le Boeing 737. Cela représente la plus grosse commande de l'histoire de l'aviation. Air France-KLM a également choisi d'opter pour des appareils moins gourmands en carburant. La compagnie a commandé autant d'avions à Airbus et Boeing (25 chacun), pour un prix catalogue de 12 MdUSD. Cette commande ferme est assortie d'options d'achat pour 60 autres avions.