
Le groupe d'énergie nucléaire français Areva s'est dit prêt jeudi à offrir des moyens supplémentaires aux autorités japonaises pour solutionner la crise à Fukushima et gérer l'après accident, notamment en participant au traitement des combustibles usés.
"Notre groupe dispose d'une expérience très importante que nous pourrions mettre à la disposition de la compagnie Tepco (Tokyo Electric Power) pour la reprise et la gestion sur site des combustibles usés toujours entreposés dans les piscines (de désactivation) des réacteurs de Fukushima", a expliqué le président du directoire d'Areva, Luc Oursel, lors d'une conférence de presse à Tokyo.
Des milliers de barres de combustibles usés reposaient dans les piscines des réacteurs de Fukushima Daiichi le 11 mars quand tsunami de 14 mètres de haut, provoqué par un séisme sous-marin de magnitude 9, a déferlé sur la centrale.
La reprise des combustibles usés des piscines "est prévue à moyen terme par Tepco", a souligné M. Oursel, précisant qu'il était toutefois "prématuré" de détailler les modalités concrètes et le calendrier qui pourraient être mis en oeuvre pour une telle opération, si Areva était impliqué.
"Il n'y a pas pour le moment de discussions actives sur le sujet" avec les autorités nippones, mais "nous avons rappelé au gouvernement japonais et à Tepco que nous avons la compétence requise", a déclaré M. Oursel, qui s'est rendu mercredi à Fukushima.
Si les échéanciers coïncidaient, Areva pourrait suggérer de traiter ces substances dangereuses directement au Japon, dans une usine adaptée, déjà construite à Rokkasho (nord) mais dont le démarrage à sans cesse été reporté pour cause de gros problèmes techniques.
"Ce serait une possibilité", a confié à l'AFP un responsable d'Areva en marge de la conférence.
Dès le lendemain de al catastrophe, Areva avait expédié des matériels de première nécessité, avant de déployer sur place, en juin, une usine de décontamination des eaux hautement radioactives accumulées sur le site, en collaboration avec la société américaine Kurion et d'autres industriels.

Des dizaines de milliers de tonnes de ce liquide mêlé de graisses et autres insanités radioactives ont inondé les bâtiments des réacteurs à la suite d'arrosages massifs pour pallier à la destruction des moyens conventionnels de refroidissement des réacteurs.
Même si Tepco a fait état de divers soucis au démarrage du dispositif "construit en deux mois au lieu de près d'un an", M. Oursel a signalé que "l'installation a déjà traité avec succès un volume de 70.000 mètres cubes d'eau.
Selon lui, conformément aux attentes, "le liquide ressort du système 10.000 fois moins radioactif, le débordement vers la mer des eaux polluées est évité et Tepco peut désormais réaliser le refroidissement des réacteurs en cycle fermé sans apport extérieur".
Le géant français se dit en outre aujourd'hui disposé à offrir des équipements plus robustes et durables que ceux montés en urgence.
Il est nécessaire "de prévoir des moyens de nature à fonctionner de façon plus pérenne", et "nous sommes prêts à participer à ces réflexions et à ces projets", a assuré M. Oursel.
Le patron d'Areva, qui a récemment succédé à Anne Lauvergeon, a de surcroît affirmé que son groupe était à même d'aider ses partenaires japonais dans la conduite des tests de résistance auxquels sont soumis tous les réacteurs de l'archipel, condition sine qua non au redémarrage des unités actuellement stoppées pour maintenance ou par mesure de sécurité.
Par ailleurs, en dépit de l'accident de Fukushima qui va certes "générer des décalages dans les projets mondiaux de construction de nouvelles centrales" M. Oursel est confiant pour l'avenir de son groupe.
"L'accident de Fukushima ne change rien aux fondamentaux qui président au développement de la production d'électricité nucléaire (besoins croissants en énergie, nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, épuisement des énergies fossiles".
Luc Oursel effectuait son premier séjour dans l'archipel en tant que patron d'Areva, disant s'inscrire "dans la totale continuité des relations d'amitié et de coopération" tissées par Mme Lauvergeon entre le groupe et le Japon.