
La croissance espagnole a ralenti au deuxième trimestre, à 0,2%, et est menacée par la tension des marchés, a prévenu vendredi la Banque d'Espagne, qui a appelé à une mise en place rapide du plan de sauvetage grec pour mettre fin à ce "climat averse".
"L'information disponible sur le deuxième trimestre suggère un affaiblissement de l'activité, dans un environnement marqué par l'aggravation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro", indique la banque centrale dans son bulletin économique mensuel.
Ses prévisions sont généralement confirmées par les chiffres officiels, dont la version provisoire sera connue le 16 août, puis définitive le 26.
Le pays vit "une situation cyclique de faible reprise", selon la Banque d'Espagne, qui ajoute une mise en garde: "l'augmentation de l'incertitude ces derniers mois a accentué les risques à la baisse sur la croissance".
"Les possibles répercussions des tensions sur les marchés de dette souveraine sur l'économie réelle sont la principale source de risques", estime l'organisme.
Le pays est soumis depuis plusieurs jours, comme l'Italie mais aussi la plupart des pays de la zone euro, à de fortes turbulences sur les marchés, les investisseurs paniquant face aux perspectives inquiétantes de l'économie mondiale et aux craintes de contagion de la crise de la dette.
"Pour dépasser ce climat adverse, il faut qu'au niveau européen soient mises en marche de manière décisive et claire les engagements pris" le 21 juillet pour le plan de sauvetage de la Grèce, "même si la contention des mécanismes de contagion exige aussi des réponses énergiques des politiques économiques nationales".

En Espagne, où des réformes du marché du travail, du secteur bancaire et des retraites ont été lancées, "un accomplissement rapide et ambitieux (de ces réformes) contribuerait à réduire l'incertitude et à rétablir une situation de croissance plus solide".
Le gouvernement espagnol avait prévenu ces dernières semaines que la croissance serait probablement plus faible au deuxième trimestre.
Un tel ralentissement est également attendu dans l'ensemble de la zone euro, avec une prévision de 0,3% au deuxième trimestre (contre 0,8% au premier), selon les dernières prévisions conjointes des instituts de conjoncture français, allemand et italien.
Comme au premier trimestre, ce sont les exportations qui ont permis à l'Espagne d'afficher de la croissance, même si celle-ci est minée par la faiblesse de la demande nationale, c'est-à-dire la consommation des ménages, qui baisse toujours, et l'investissement dans le pays, qui reste faible surtout dans le secteur de la construction.
La Banque d'Espagne souligne "l'affaiblissement de l'activité industrielle". Selon les derniers chiffres officiels publiés vendredi, la production industrielle a fortement baissé en juin, de 2% sur un an.
L'économie du pays, qui a beaucoup souffert de la crise financière internationale et de l'éclatement de sa bulle immobilière, peine à renouer avec la croissance.
Pendant les années de bulle elle avait en effet tout misé sur le secteur de la construction, et doit désormais se trouver de nouveaux secteurs d'activité pour rebondir.
Cette faible croissance ne permet toujours pas de créer d'emploi, alors que l'Espagne affiche le taux de chômage (20,89%) le plus élevé parmi les pays industralisés.
Après une forte baisse en 2009, de 3,7%, le PIB espagnol s'est légèrement replié, de 0,1%, en 2010. Au premier trimestre 2011, il a crû de 0,3%.
Pour l'ensemble de 2011, la Banque d'Espagne prévoit une croissance de 0,8% tandis que le gouvernement table sur +1,3%. Pour 2012, la Banque d'Espagne prévoit 1,5% et le gouvernement 2,3%.