Aurel a renouvelé sa recommandation Acheter et son objectif de cours de 36 euros sur Carrefour. Le groupe a annoncé ce matin avoir reçu une proposition de partenariat stratégique au Brésil émanant de Gama, société financière brésilienne devant être capitalisée par la Banque nationale brésilienne du développement. Cette opération supposerait la prise de contrôle par Gama de CBD, actuellement contrôlée par la famille Diniz et Casino, puis la fusion des actifs de CBD avec ceux de Carrefour Brésil.
L'opération est séduisante pour Carrefour mais la prise de contrôle de CBD par Gama nous semble problématique sans l'accord de Casino, pour qui CBD est un actif primordial et l'un des principaux moteurs de sa croissance.
Aurel rappelle que selon l'accord conclu en 2005, le groupe Casino détient 50% des droits de vote et 68,8% du capital du holding de contrôle de CBD qui détient lui-même une participation de 28,8% du capital et 65,6% des droits de vote de CBD. Par ailleurs, la famille d'Abilio Diniz s'est engagée à ne pas céder ses actions du holding de contrôle pendant une période de 9 ans à compter de la date de réalisation de l'opération, soit avant 2014.
L'opération de rapprochement entre CBD et Carrefour supposerait donc d'attaquer et de rendre caduque l'accord scellé entre Casino et la famille Diniz.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Carrefour est le deuxième distributeur mondial, derrière l'américain Wal-Mart, et premier distributeur européen ;
- La marque Carrefour bénéficie d'une forte notoriété ;
- Lars Olofsson, à la tête de Carrefour depuis fin 2008, a imposé au groupe un virage stratégique majeur : recentrage sur la marque Carrefour et politique de prix plus bas et plus constants ; changement radical de management, avec notamment l'arrivée d'un ancien de chez Tesco à la tête de la division française ;
- Les activités internationales (50% du chiffre d'affaires) sont plus dynamiques et plus profitables en moyenne que celles des pays matures.
Les points faibles de la valeur/=
- La confiance des investisseurs a été entamée par deux avertissements sur résultats en deux mois au second semestre 2010 et la contre-performance persistante des hypermarchés au Brésil ;
- Les projets de cotation de Carrefour Property, le pôle immobilier, et d'indépendance de Dia, la branche discount, annoncés début mars 2011, suscitent la plus grande réserve de la part des analystes qui estiment que ces choix ne sont pas favorables au groupe : la 1ère opération risque d'entraîner des charges opérationnelles très lourdes pour les hypermarchés européens et de renchérir le coût du crédit pour le groupe tandis que la 2nde, avec une cotation prévue le 5 juillet à Madrid, fait sortir Carrefour d'une activité à très fort potentiel, notamment dans les pays émergents. Le fonds américain Knight Vinke, propriétaire de plus de 1% du capital de Carrefour, mènerait d'ailleurs une fronde contre le projet de cotation de Carrefour Property et tenterait de rallier d'autres investisseurs institutionnels à sa cause ;
- Le départ de Jean-Martin Folz de son poste d'administrateur et de vice-président est un indice de divergence également en interne, qui soulève une fois de plus les problèmes de gouvernance chez Carrefour ;
- Les difficultés dans les hypermarchés, du fait du changement des habitudes de consommation en France avec un attrait plus grand pour les magasins de proximité, restent l'une des principales préoccupations des investisseurs. Le nouveau format d'hyper « Carrefour Planet » peine à convaincre ;
- Les conditions de marché sont structurellement difficiles en France (forte présence des indépendants/franchisés), en Belgique (présence marquée des discounters) et en Italie (prédominance du commerce traditionnel), qui sont 3 des principaux marchés du groupe ;
- Certains se demandent également si la stratégie de pratiquer des prix plus bas ne va pas peser sur sa solidité financière. La dette nette du groupe s'est déjà nettement alourdie à près de 8 milliards d'euros en 2010 ;
- Le poids des pays émergents dans le chiffre d'affaires est beaucoup plus faible que Casino.
=/Comment suivre la valeur/=
- La consommation de produits alimentaires est traditionnellement peu cyclique mais les habitudes de consommation ont fortement évolué ces dernières années.
- Toutes les crises alimentaires auxquelles le public est de plus en plus sensible sont susceptibles de peser sur les ventes (vache folle, grippe aviaire, maîs transgénique) ;
- Le redressement de la rentabilité, objectif n