
François Fillon a promis jeudi lors du congrès annuel de la FNSEA un allègement du coût du travail permanent dans l'agriculture pour le début 2012, une mesure réclamée par les agriculteurs et qui arrive à point nommé à 13 mois de la présidentielle.
"Je veux que des décisions soient prises au plus tard cet automne pour une application début de 2012", a déclaré M. Fillon devant un millier d'agriculteurs réunis à Saint-Malo pour le 65ème congrès annuel de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Sans livrer beaucoup de détails, le Premier ministre s'est dit favorable à une mesure "ciblée" qui profite à "certaines professions" comme l'agriculture. Il a toutefois prévenu qu'il faudra "lever l'obstacle européen".
"Je proposerai au Parlement de se prononcer sur une disposition concrète dès cet automne dans le cadre de l'examen de la loi de financement de sécurité sociale", a-t-il ajouté. Une mission a été confiée au député UMP Bernard Reynes.
Le principe d'une TVA sociale, avancé par la FNSEA, est écarté, de crainte d'un renchérissement des prix. "Cette idée a des mérites, mais elle se heurte au niveau déjà très élevé de la fiscalité sur la consommation", a fait valoir le Premier ministre.
L'annonce de ce calendrier a suscité la colère chez les producteurs de légumes, en première ligne, avec les producteurs de fruits, face à la concurrence de pays européens, comme l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie, où le coût du travail dans l'agriculture est inférieur.
"Si le gouvernement ne prend pas des mesures avant fin mai, la saison est morte", a affirmé Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France, réagissant aux propos de M. Fillon.

Elle cite l'exemple du concombre, l'une des ses productions, qui ne trouve pas preneur à 40 centimes l'unité, contre 20 à 25 centimes pour le concombre belge ou espagnol.
Dans la filière légumes, le taux horaire d'un salarié en France s'élève à 12,5 euros, contre 6 euros en Allemagne.
Le patron de la FNSEA Xavier Beulin n'a pas voulu montrer sa déception. Lui qui souhaitait des "mesures concrètes" a reconnu que l'annonce manquait de "précisions". Il a dit que son syndicat ferait de nouvelles propositions sur ce dossier, sans plus d'indications.
Pour améliorer leur compétitivité, les agriculteurs réclament avec insistance une réduction du coût du travail. Ils ont déjà obtenu gain de cause sur le travail saisonnier. Un "effort considérable" de 500 millions d'euros par an, a rappelé M. Fillon. Désormais les agriculteurs veulent un coup de pouce sur le travail permanent.
Pour des mesures équivalentes sur le travail permanent, le montant est estimé à un milliard d'euros. Et même plus si, comme le souhaite la FNSEA, certains industriels, comme les abattoirs, bénéficient de cet allègement.
S'il se concrétise, ce nouveau coup de main du gouvernement l'aiderait à renouer avec un électorat traditionnellement acquis à la droite, mais qui, lors des régionales puis des cantonales, a soit déserté l'isoloir, soit lui a préféré le FN.
Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé ses efforts depuis plusieurs mois dans une opération de reconquête, dans le cadre de ses nombreux déplacements en province.
Le 5 avril, il doit recevoir à l'Elysée les membres du collectif Droite rurale, selon son principal responsable, le député UMP de Lozère Pierre Morel-A-L'Huissier.