L'indice CAC 40 n'a pas confirmé son rebond de 2009 et a clôturé sur une perte annuelle de 3,34%. L'indice phare de la place parisienne ne s'est jamais totalement remis de la chute provoquée par la crise de la dette souveraine grecque au printemps. La crise qui s'est métastasée en fin d'année, touchant en particulier l'Irlande, a pénalisé les 4 valeurs bancaires présentes au sein de l'indice. Crédit Agricole a ainsi perdu 23% cette année. Comme sur les autres places européennes, ce sont les valeurs cycliques qui se sont le mieux comportées.
Le secteur du luxe place ainsi ses deux représentants, LVMH et PPR, sur les deux premières places du podium. Le secteur automobile s'est aussi distingué avec une progression d'environ 20% pour Peugeot et Renault.
Comme l'explique PrimeView, 2010 a été l'année des secteurs cycliques qui ont été portés par le thème des pays émergents. Le cabinet de recherche économique et financière souligne l'existence d'un monde à deux vitesses : les pays industrialisés ayant toutes les peines à retrouver leur niveau d'activité d'avant crise tandis que les émergents, Chine en tête, caracolent à pleine vitesse pour faire de la dernière récession mondiale un lointain souvenir.
Pour sa dernière séance de l'année, l'indice français a cédé 1,19% à 3804,78 points.
Ailleurs en Europe et dans le monde
A la différence de 2009, les marchés européens ont enregistré des performances divergentes avec une claire séparation entre le sud et le nord. Le Dax 30 allemand a affiché la meilleure performance parmi les principaux indices avec une progression de 16,06%. L'indice de référence allemand a été dynamisé par la forte proportion des valeurs cycliques en son sein, comme le chimiste BASF ou le constructeur automobile Daimler. Ces sociétés ont profité à plein de la reprise économique mondiale tirée par les pays émergents. L'indice britannique ftse 100 s'est lui adjugé 9%.
En revanche, les marchés de l'Europe du Sud, au centre de l'inquiétude concernant la crise de la dette souveraine, ont connu une mauvaise année boursière avec une chute de plus de 35% pour le marché grec, et de 17,43% pour l'indice espagnol Ibex 35.
2010 a aussi été un bon cru pour les marchés américains. L'indice Dow Jones s'apprête à terminer l'année sur une augmentation de plus de 10% grâce à un net rebond depuis la fin août. Les investisseurs peuvent remercier Ben Bernanke qui a annoncé à cette époque être prêt à soutenir la reprise économique avec de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif. Ce qui fut fait début novembre.
Cette année fut aussi féconde pour les marchés émergents grâce à un contexte économique porteur. L'indice msci Emerging Market a gagné 16%. On signalera cependant la chute de 14,3% de la Bourse de Shanghai. Les investisseurs se sont inquiétés de l'impact sur la croissance de la politique de resserrement monétaire de la Banque centrale chinoise.
Les plus fortes hausses et les plus fortes baisses de 2010
Le titre LVMH a enregistré sur l'année 2010 la plus forte progression de l'indice CAC 40 avec une hausse de 57,06%. Cette progression est significative de l'embellie qu'a connue l'ensemble du secteur du luxe sur la période. Ainsi, Hermès s'est apprécié de 68% tandis que PPR a cr- de plus de 41,26%. Le bond de ces valeurs s'explique par les perspectives du secteur en raison en particulier du potentiel des marchés émergents. En effet, le taux de pénétration des biens de luxe est encore très faible dans ces marchés.
Arkema a fini cette année en tant que plus forte hausse de l'indice sbf 120 avec un gain de 107,19%. Le groupe a bénéficié de la publication à répétition de résultats opérationnels meilleurs que prévu. Ce qui a permis à Arkema de relever ses prévisions 2010 en novembre. L'ex-filiale de Total doit cette performance à une stratégie efficace basée sur le renforcement de ses positions dans les pays émergents et les produits à forte valeur ajoutée où le pricing power est solide.
En revanche, Alstom a décroché la lanterne rouge du CAC 40 avec une chute de 27%. Le groupe d'infrastructure de transport et d'énergie a vu son résultat opérationnel reculer de 8%, représentant une marge opérationnelle de 7,3% au premier semestre de son exercice décalé 2010-2011. Dans une note publiée début novembre, Société Générale déplorait les résultats « très faibles » du groupe, marqués notamment par un fort déclin de la croissance organique.
Nicox a enregistré lui le déclin le plus conséquent de l'indice SBF 120 avec une chute de 62%. Le sort boursier de la société de biotechnologie s'est joué début mai lorsqu'une commission consultative la FDA, l'autorité sanitaire américaine, ne s'est pas prononcée en faveur de l'homologation du Naproxcinod, son anti-inflammatoire destiné au traitement de l'arthrose et son médicament vedette. La FDA a officialisé le rejet de la demande d'autorisation de mise sur le marché nord-américain du médicament, le 22 juillet.
On remarque la meilleure performance de 2009, Technip, qui avait bondi de 126,5%, s'est encore très bien comporté cette année avec une progression de 39,88%, soit la troisième plus forte hausse de l'indice CAC 40. Le groupe parapétrolier a bénéficié d'un ENVIRONNEMENT favorable avec une hausse des cours du brut supérieure à 10% cette année et une situation économique mondiale meilleure que prévu en début d'année.
La lanterne rouge de l'année dernière, GDF-Suez, a encore perdu 11,34%. Elle avait reculé de 14,27% en 2009. Le géant français de l'énergie a notamment pâti de son caractère défensif.
L'or
L'or a été la vedette de l'année sur le marché des matières premières, affichant sa dixième année consécutive de hausse : +29,70%. La « relique barbare » vilipendée par Keynes a touché un plus haut historique à 1432,50 dollars l'once, le 7 décembre. Le métal jaune a bénéficié de son statut de valeur refuge par excellence. A ce titre, il a profité de la crise de la dette souveraine en Europe, mais aussi des craintes d'un éventuel retour de l'inflation aux Etats-Unis en raison des mesures de politiques monétaires non conventionnelles toujours en vigueur. L'or a également été soutenu par la demande en provenance des banques centrales des pays émergents et le succès des trackers spécialisés dans l'or.
Les perspectives des marchés actions
L'année prochaine, les investisseurs anticipent un rebond d'un peu moins de 10% de l'indice CAC 40. Selon la trentaine d'analystes et de gérants de fonds interrogés par Reuters début décembre, le CAC 40 devrait remonter jusqu'à 4200 points. Ils s'attendent à ce que la crise de la dette souveraine en Europe continue de peser sur le marché pendant la première partie de l'année. Mais globalement, les actions devraient bénéficier d'un regain d'appétit pour le risque et d'une croissance économique forte dans les pays émergents.
L'euro
La devise européenne a perdu 6,8% face au dollar en 2010 après avoir démarré l'année en hausse. L'euro s'échangeait alors à plus de 1,45 dollar, touchant 1,4580 dollar courant janvier. Mais la situation s'est rapidement dégradée et l'euro n'a plus retrouvé ces niveaux au cours de cette année. La crise grecque, qui est apparue fin 2009, a semé le doute de façon durable sur la santé financière de la zone euro. Athènes a revu à la hausse la prévision de déficit public du pays, entraînant une série d'abaissement des notes du pays par les agences de notation. L'adoption d'un plan d'aide européen fin avril n'a pas endigué pas la chute de l'euro, qui a touché le 7 mai un plus bas annuel de 1,1877 dollar.
L'action coordonnée des gouvernements européens pour venir en aide à l'Irlande et pour empêcher une contagion de la crise aux pays périphériques de la zone euro a permis à la devise européenne de reprendre de la hauteur durant l'automne, mais cette hausse relative demeure fragile.