
Avec la crise, les petits investisseurs se sont reportés en masse vers des placements moins risqués que les actions: dans les allées du salon Actionaria, les derniers accros de la Bourse cherchent des parades à la morosité des marchés en attendant des jours meilleurs.
Les organisateurs attendent plus de 30.000 personnes vendredi et samedi au Palais des Congrès de Paris pour la 13e édition de cette manifestation, qui veut réconcilier les Français avec les marchés financiers.
Un objectif ambitieux dans la mesure où la désaffection pour la Bourse est de plus en plus grande: en deux ans, plus d'un million de particuliers ont déserté les marchés d'actions.
Selon une étude TNS Sofres, fin septembre 2010 les actionnaires individuels français représentaient 11,2% de la population contre 13,8% en 2008.
Parmi les irréductibles qui se pressent devant les stands des entreprises et dans les ateliers du salon, l'heure est au réalisme et à la recherche de solutions.
"A cause de la crise, beaucoup de mes amis ont retiré leur épargne placée en Bourse, moi non! Mais je suis très prudent car j'ai beaucoup perdu!", déplore Georges Dodu, retraité venu du Loir-et-Cher. "Mais c'est sûrement parce que je n'ai pas bien géré", s'empresse-t-il d'ajouter.
Alors il est venu pour se renseigner sur les valeurs moyennes persuadé que c'est la solution pour diversifier ses actifs sans prendre trop de risque.
Il n'est pas le seul dans ce cas là et les participants jouent aux chaises musicales pour trouver un siège à l'atelier "Toutes les idées fausses (mais tenaces) sur les valeurs moyennes".
D'autres sont persuadés que la solution est à chercher du côté des pays émergents. Très attentive lors de l'atelier "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Bourse sans jamais oser le demander", Jacqueline Renette interroge le gérant d'actions sur les pays porteurs.
"Les Français ont tendance à acheter en France alors que je pense qu'il est temps de partir à l'aventure de nouveaux marchés, note Mme Renette, l'une des rares femmes présentes dans l'assemblée. "L'année dernière, je me suis lancée sur le Brésil et résultat j'ai fait 25% de plus-value", explique-t-elle.
Certains sont toutefois moins optimistes et plus désemparés. Echaudé par la dernière crise, Alain, un quinquagénaire du sud-est de la France, s'est décidé à revenir sur des "placements de bons pères de famille": "des valeurs solides qui dépendent moins de la conjoncture, comme Air Liquide ou Total".
"On dit toujours que la Bourse est un placement de long terme, je veux bien mais cette fois-ci j'ai peur d'être mort avant que ça reparte", ajoute-t-il avant d'évoquer nostalgique "le temps où le CAC 40 était proche des 7.000 points".
En 10 ans, l'indice vedette de la Bourse de Paris a vu sa valeur fondre de moitié et il a encore perdu près de 2% depuis le 1er janvier, ce qui a ébranlé la conviction que la Bourse est un placement de long terme. Sur les précédents épisodes de crise, la chute avait été plus rapidement comblée.
Venue assister à la conférence d'Alstom, Claudine, 76 ans et "boursicoteuse depuis plus de trente ans", se dit elle-aussi "très inquiète" mais "résolue" à trouver un moyen de rebondir. Sa solution à elle: s'informer au maximum pour être réactive.
"Dans notre économie mondialisée tout est interconnecté et c'est de plus en plus difficile de suivre donc je pense qu'il faut s'informer encore plus", conseille-t-elle.
"En période de trou d'air, il faut s'accrocher!", conclut-elle, avant de filer à la première des 20 conférences auxquelles elle a prévu de se rendre.