La Bourse de New York, malmenée par la multiplication d'indicateurs économiques décevants, devrait tester sa capacité à encaisser les mauvaises nouvelles face à une nouvelle série de chiffres aux Etats-Unis, avec en apogée le rapport mensuel sur l'emploi.
Sur la semaine écoulée, l'indice Dow Jones a abandonné 0,62% à 10.150,65 points, revenant au-dessus du seuil des 10.000 vendredi après avoir clôturé la veille en-deçà pour la première fois depuis le 6 juillet.
De son côté, le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 1,20% à 2.153,63 points et l'indice élargi Standard and Poor's 0,66% à 1.064,59 points.
"Le marché est très incertain sur la trajectoire de l'économie alors que le deuxième semestre avance. Les indicateurs publiés dans la semaine ont été très troublants pour les espoirs de poursuite de la croissance", explique Nicholas Cola, de ConvergEx Group.
En particulier, les chiffres de l'immobilier, que personne n'attendait flamboyants, ont été encore pire qu'attendu avec la chute des ventes de logements anciens et neufs mardi et mercredi.
"La vraie question est de savoir à quel point les investisseurs ont abaissé la barre de leurs attentes économiques", avance Sam Stovall, de Standard and Poor's.
"Les investisseurs attendent désormais des informations négatives", précise l'analyste, alors qu'une série d'indicateurs majeurs se profilait.
Dépenses et revenus des ménages lundi, confiance des consommateurs mardi donneront une idée de l'état d'esprits des Américains dans l'ambiance morose qui s'est installée.
Les indices ISM de l'activité manufacturière et dans les services pour le mois d'août seront révélés respectivement mercredi et vendredi.
Mais le point d'orgue de la semaine sera à l'évidence à la fin, avec le rapport mensuel sur les chiffres du chômage. Les économistes s'attendent une nouvelle fois à des suppressions nettes d'emploi.
"La plupart des économistes estiment que la récession s'est terminée en juin de l'année dernière. La question, après un an de redressement, est pourquoi est-ce que l'emploi ne redémarre pas", s'interroge Sam Stovall.
La baisse plus forte que prévu des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage jeudi avait auguré d'une pression moins forte sur les chiffres mensuels, mais n'avait pas permis au marché de confirmer sa hausse de la veille.
Les échanges de vendredi ont laissé quant à eux un goût mitigé au marché, même s'ils ont permis de limiter nettement les pertes hebdomadaires. "Les chiffres du PIB ne sont pas aussi mauvais que les pires craintes, mais en même temps les commentaires de la Fed ne sont pas particulièrement optimistes", note Nicholas Colas.
Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke a en effet pris note du redressement "loin d'être achevé" de l'économie du pays, ajoutant que l'institution se tenait prête pour de nouvelles mesures de soutien.
"Si l'on comprend que l'économie ralentit, on n'a pas encore vu de révisions en baisse des prévisions de résultats des analystes, de la façon à laquelle on pourrait s'y attendre quand les choses ne vont pas aussi bien qu'il y a deux ou trois mois", souligne M. Colas.
Le marché, affaibli au mois d'août au cours duquel le Dow Jones a perdu un peu plus de 3% jusqu'à présent, va effectuer une rentrée en manque d'assurance.
"Il y a beaucoup d'inquiétudes parce que traditionnellement septembre et octobre sont des mois très difficiles pour les actions aux Etats-Unis. Les gros krach arrivent toujours en octobre, et les gens se rappellent (qu'à cette époque) il y a deux ans l'économie a failli s'effondrer", remarque Nicholas Colas.