23 % d’énergies renouvelables en 2020, l’objectif est ambitieux mais néanmoins atteignable. Concernant l’énergie éolienne, la production, à l’HORIZON 2020, devra atteindre les 25 000 mégawatts. A l’heure actuelle, elle n’est que de 4 200 MW. Comment expliquer un tel retard quand NOS voisins allemands en sont déjà à 23 000 MW produits et les Espagnols à 17 000 MW ? Sans parler du Danemark qui tire 20 % de son énergie des éoliennes.
A en croire les pro-éoliens, dont la colère gronde, la faute aux politiques ! Les intérêts du lobby nucléaire semblent peser bien lourd dans la balance des énergies décarbonées ! « La France ne veut pas vraiment d’une filière éolienne parce qu’elle a fait le choix du tout nucléaire et qu’elle mise beaucoup commercialement sur ce secteur », explique l’ancienne ministre de l’Environnement, Corinne Lepage. Pour elle, les objectifs fixés par le Grenelle ne sont que pures « envolées lyriques » et ne pourront clairement pas être atteints dans ces conditions. Position partagée par le directeur de la fédération de France Nature Environnement, Arnaud Gossement : « L’éolien ne correspond pas à la culture des grands fonctionnaires , dont certains sont encore attachés à un modèle de production énergétique monopolistique, centralisé et fondé sur le nucléaire ».
Le Grenelle durcit les conditions d’implantation
Eolien et nucléaire ne font donc pas bon ménage. Mais pourquoi privilégier une industrie dont on ignore les capacités de pollution à long terme au détriment d’une énergie propre ? « Quand on construit deux réacteurs de 1 600 MW, que représente un parc éolien de 5 MW ? », s’interroge Benoit Praderie, de la fédération Planète Eolienne. Souci d’esthétisme, diront certains. Ces mâts blancs, qui, par ailleurs fournissent plus d’énergie qu’ils ne défigurent le paysage, dérangent. Pourtant pas plus agressifs que les 150 000 pylônes ou les 55 000 châteaux d’eau qui émaillent le territoire français. Si l’on se réfère au Grenelle, il faudrait donc en implanter 6 000 de plus (la France n’en compte pour l’instant que 2 500). Or, selon une série d’articles adoptés par les sénateurs, les règles d’implantation vont désormais se durcir. Etrange, pour une série de lois censées promouvoir la pratique efficiente de l’écologie.
A partir de 2011, il est écrit que les éoliennes seront soumises au régime des installations classées pour l’ENVIRONNEMENT (ICPE). Pour la fédération Planète éolienne, ce n’est ni plus ni moins qu’un durcissement déguisé des conditions d’implantation. « En d’autres termes, les sénateurs disent que les énergies renouvelables sont un risque pour l’environnement », déplore l’association. Si les conditions se durcissent, si les préfets continuent à refuser les permis de construire et si le nucléaire continue de faire main basse sur la production d’énergie française, les objectifs du Grenelle sont inatteignables. « Sans éolien, les objectifs du Grenelle ne sont pas crédibles. C’est quasiment un mensonge d’Etat », accuse Benoît Praderie.