Le pays le plus nucléarisé du monde n’a pas le vent en poupe ! En octobre, la France a dû importer pour un peu plus d’1 % de ses besoins. Une situation historique pour une nation plus habituée à exporter de l’électricité chez ses voisins qu’à en recevoir. Depuis le début de l’année, les exportations ont baissé de 17 % alors que les importations, elles, ont augmenté de 18 %. Une situation historique que l’électricien français a bien du mal à assumer.
En prévision d’un hiver froid, les ménages français ont d’ores et déjà rallumé leur chauffage électrique. Majoritairement équipés en convecteurs, les Français provoquent des pics de consommation le soir en hiver que le parc nucléaire hexagonal a beaucoup de peine à satisfaire. Conçu pour fournir une production de base à puissance constante, les pics hivernaux n’arrangent pas ses affaires. Mais au contraire font celles des écologistes convaincus. « Malgré ses 58 réacteurs, la patrie de l’atome est obligée d’importer de l’électricité et risque de connaître cet hiver des coupures de courant », note Greenpeace qui dénonce un suréquipement nucléaire. Equipement massif en convecteurs électriques, multiplication des appareils électroniques (MP3, consoles de jeux), développement des véhicules électriques, les opposants au « tout-nucléaire » font feu de tout bois.
3 000 euros le MWh au matin du 19 octobre
L’indépendance énergétique française censée être assurée par ses 58 réacteurs nucléaires n’est donc pas une stricte réalité. Les nombreuses grèves du printemps et la difficulté de certaines opérations de maintenance ont mis à mal les capacités de certains réacteurs. Le 26 octobre, par exemple, 17 réacteurs nucléaires français étaient à l’arrêt contre 4 ou 5 en temps normal. Et tous ces facteurs couplés à une surconsommation ont fait exploser les tarifs de l’électricité sur le marché de gros. Le 19 octobre, le prix du mégawattheure (MWh) atteignait 3 000 euros contre moins de 100 habituellement. La surconsommation ayant poussé EDF à importer de l’électricité, les prix de la Bourse de l’électricité, Powernext ont grimpé en flèche.
Pour éviter de réitérer l’expérience, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a instamment demandé à EDF de « renforcer la fiabilité aujourd’hui insuffisante des données prévisionnelles de son parc de production » afin de donner une meilleure visibilité aux opérateurs du marché. Mais le problème n’est pas tant l’importation d’électricité, au contraire les politiques européennes s’attachent désormais de plus en plus à créer un marché européen de l’énergie en favorisant les interconnexions. Le problème réel, c’est que ces connexions ne sont pas assez largement développées. Pendant les pics de consommation, au lieu d’importer de l’électricité provenant des excédents espagnols d’énergie éolienne, la France se contente d’aller s’approvisionner en Allemagne, alimentée par des centrales… au charbon !