La Bourse de Paris s'est remise à broyer du noir mercredi, plongeant de 4,56%, pour s'établir à son plus bas niveau depuis le 5 décembre, dans un marché affolé par une avalanche de mauvaises nouvelles sur tous les fronts économiques.
L'indice vedette a lâché 145,89 points à 3.052,00 points, signant sa sixième séance de baisse consécutive, dans un volume d'échanges peu étoffé de 2,849 milliards d'euros. Mardi, il avait clôturé en nette baisse de 1,49% à 3.197,89 points.
Le marché parisien se rapproche du seuil des 3.000 points, touchant mercredi son plus bas niveau depuis le 5 décembre (2.988,01 points à la clôture).
Les Bourses européennes ont dégringolé à l'unisson. Londres a perdu 4,97%, Francfort 4,63% et l'Eurostoxx 50 4,68%.
En hausse à l'ouverture dans le sillage de Tokyo, la place parisienne a rapidement basculé dans le rouge, assommée par les mauvaises nouvelles qui se sont succédé au fil de la journée, accélérant sa chute après une ouverture piteuse à Wall Street.
Les investisseurs ont reçu le "coup de grâce", selon Wilfried Beau, gérant chez Meeschaert Gestion Privé, après le recul de 2,7% des ventes de détail aux Etats-Unis en décembre sur un mois, une baisse plus forte que prévu.
Le marché parisien avait été affecté plus tôt dans la journée par les déclarations inquiétantes du secrétaire général de l'Organisation de coopération et développement économique (OCDE), Angel Gurria, qui a averti que le pire était "à venir" pour la zone euro.
Son organisation s'attend à une récession en 2009 et à une économie faible jusqu'à la mi-2010, même si elle ne prévoit pas de déflation.
Les investisseurs ont par ailleurs été désorientés par la forte volatilité de l'euro, après la dégradation des notes de crédit de la Grèce mercredi par l'agence de notation Standard and Poor's.
"On n'a jamais vu une récession économique de cette ampleur durer un ou deux trimestres", a indiqué Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities, estimant que "2009 risque d'être catastrophique".
"On n'est pas certain d'avoir vu les plus bas", a-t-il ajouté.
Côté entreprises, le marché a mesuré l'étendue des répercussions de la crise avec la publication de résultats désastreux.
La première banque allemande, Deutsche Bank, a annoncé une perte nette de près de 4 milliards d'euros en 2008, en raison d'une fin d'année terrible.
Enfin, le géant canadien des télécommunications Nortel Networks s'est placé sous la protection des tribunaux contre ses créanciers au Canada et aux Etats-Unis pour faire face à la crise économique et se restructurer.
Les investisseurs attendent désormais avec angoisse les résultats de JPMorgan Chase et Intel jeudi, et de Citigroup vendredi aux Etats-Unis.
La plupart des valeurs financières ont dégringolé. Société Générale a plongé de 10,94% à 31,70 euros, HSBC de 7,77% à 6,41 euros, BNP Paribas 5,66% à 30,62 euros, Axa de 10,82% à 12,94 euros et Crédit Agricole de 7,52% à 8,06 euros.
Dans le secteur de la distribution, PPR a abandonné 7,64% à 42,02 euros, tandis que Carrefour a perdu 2,32% à 26,35 euros.
Les valeurs de la construction ont aussi fini aussi en forte baisse, sous le coup de prises de bénéfices. Lafarge a reculé de 9,06% à 41,82 euros, Vinci de 5,03% à 27,96 euros et Saint-Gobain de 10,51% à 30,00 euros.
Parmi les pétrolières, Total, plus forte capitalisation du CAC 40, a lâché 3,95% à 37,55 euros, après l'ouverture en baisse des cours du pétrole.
Seule valeur du CAC 40 à sauver les meubles, Sanofi-Aventis a pris 2,03% à 48,69 euros.