Les Bourses européennes évoluent dans l'incertitude, entre rachats à bon compte et avertissements sur résultats des sociétés. La nouvelle dégradation du climat des affaires en Allemagne ne prête pas à l'optimisme. Dans ce cadre, la publication d'une salve de chiffres macroéconomiques aux Etats-Unis sera décortiquée. Deux poids lourds du CAC 40 ont révisé à la baisse leurs objectifs de résultats annuels. Si Carrefour est lourdement pénalisé, la sanction est moins rude pour Schneider. A 12h30, le CAC 40 cède 0,51% à 3225,25 points. Le FTSE80 progresse lui de 0,32% à 3111,28 points.
Lanterne rouge du CAC 40, Carrefour chute de 7,90% à 26,98 euros, logiquement sanctionné après le lancement de son deuxième avertissement sur chiffre d'affaires et résultat depuis le début de l'année. Le deuxième distributeur mondial a indiqué qu'il "devrait désormais réaliser un résultat opérationnel avant éléments non courants en légère croissance par rapport à 2007", alors qu'il tablait avant sur une croissance de ce résultat "en ligne avec celle des ventes". Le groupe prévoit également de réaliser en 2008 un chiffre d'affaires à changes constants en hausse d'environ 6,5%, au lieu de 7%.
Autre avertissement sur résultat : Schneider Electric. Le groupe a annoncé qu'il tablait à présent sur une croissance organique d'environ 5,5% pour l'année 2008, en raison de la dégradation de la situation économique. «Grâce aux mesures de contrôle des coûts engagées au cours du quatrième trimestre, Schneider Electric attend un impact limité de ce déficit de volumes sur sa rentabilité 2008 ; ainsi, la marge ebita restera proche de 15%», a ajouté le spécialiste mondial de la gestion de l'énergie. Auparavant, le groupe visait une croissance organique autour de 8% et une marge EBITA d'au moins 15%. En Bourse, le titre ne recule que de 1,19% à 54,15 euros.
Egalement à Paris, la valeur BNP Paribas, qui a dévissé hier de plus de 17% dans des volumes exceptionnels (plus de 20 millions de titres ont été échangés contre à peine 4 millions la veille), est à nouveau attaquée aujourd'hui à la bourse de Paris. L'action chute de 5,32% à 32,40 euros dans la matinée après avoir été réservée à la baisse. Les investisseurs, ébranlés en début de semaine par l'annonce de lourdes pertes pour la banque de financement et d'investissement de BNP, s'inquiètent de l'issue du deal avec Fortis.
Les chiffres macroéconomiques
En Alemagne, l'indice IFO du climat des affaires a baissé à 82,6 en décembre, après 85,8 novembre. Les économistes tablaient en moyenne sur 84. L'indice est à son plus bas depuis décembre 1982.
D'après les premières estimations d'Eurostat pour le mois d'octobre 2008, la zone euro a enregistré un excédent du commerce extérieur de 0,9 milliard d'euros avec le reste du monde, comparé à +4,2 milliards en octobre 2007. Le solde enregistré au mois de septembre 2008 était de -4,5 milliards, contre +2,9 milliards en septembre 2007. En octobre 2008, par rapport à septembre 2008, les exportations corrigées des variations saisonnières ont diminué de 2,5% et les importations de 4,6%.
Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage seront publiées à 14h30 et l'indice de la Fed de Philadelphie pour le mois de décembre à 16 heures en même temps que l'indice des indicateurs avancés pour le mois de novembre.
Ce midi, l'euro cote 1,4574 face au billet vert.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
inflation : mesurée par la hausse des prix à la consommation, elle correspond à une baisse progressive de la valeur de la monnaie. D'une manière générale, une forte inflation profite au débiteur, tandis que le créditeur en pâtit.
Pour jauger l'inflation, les banques centrales s'intéressent à l'indice des prix à la consommation sous-jacent, c'est-à-dire hors les éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation. On parle alors d'indice des prix à la consommation «core». La Fed privilégie l'indice PCE «core» qui mesure l'évolution des prix liés à la consommation des ménages.
Le niveau d'inflation considéré comme acceptable par la BCE est de 2 % l'an. Aux Etats-Unis, la «zone de confort» de la Fed est de 1% à 2%.
balance courante : En comptabilité nationale, la balance courante résulte de l'épargne du secteur privé moins les investissements du secteur privé + l'excédent budgétaire (recettes fiscales moins dépenses).
Les déficits de la balance courante qui reflètent d'importants investissements dans le secteur privé pour un niveau donné d'épargne ont tendance à être acceptés par les marchés. Lorsque ces déficits sont accompagnés de déficits budgétaires importants, ils sont perçus beaucoup plus négativement.
ifo (indice) : L'institut de recherche et de prévisions économiques allemand IFO publie mensuellement les résultats d'un sondage auprès de plus de 7000 chefs d'entreprises et dirigeants de tous les secteurs, à l'exclusion de la finance. L'indice global est composé d'un volet sur la perception qu'ont les sondés du climat actuel des affaires, et d'un volet sur leurs anticipations à quelques mois. L'IFO détermine à partir de ces réponses le niveau de l'indice, sachant qu'un niveau supérieur à 100 signale qu'une majorité d'entreprises se montre plutôt optimiste, et un indice inférieur à 100 révèle une majorité pessimiste.