Les Bourses européennes ont évolué toute la séance sans réelle tendance, entre rachats à bon compte et avertissements sur résultats des sociétés. L'ouverture en demi-teinte de Wall Street n'a pas été en mesure de stimuler l'appétit des opérateurs insensibles aux statistiques médiocres publiées aux Etats-Unis. En Europe, trois poids lourds ont révisé à la baisse leurs objectifs de résultats annuels. Si Carrefour a été lourdement pénalisé, la sanction a été moins rude pour Schneider et ASML. Le CAC 40 a clôturé en baisse de 0,24% à 3234,15 points. Le FTSE80 a gagné lui 0,49% à 3116,51 point
La crise économique a réclamé une nouvelle victime dans le secteur des semi-conducteurs : ASML, dont le titre a gagné 0,71% à 12,06 euros après avoir perdu jusqu'à 13% ce matin. Confronté à un décrochage de la demande, le plus important fabricant d'équipements pour le secteur a révisé en baisse ses prévisions de ventes pour le quatrième trimestre. Afin d'aligner sa structure de coûts avec les piètres perspectives du marché, ASML a annoncé de nouvelles mesures de restructuration. Il va notamment se séparer de plus de 10% de ses effectifs.
Lanterne rouge du CAC 40, Carrefour a chuté de 7,37% à 26,13 euros, logiquement sanctionné après le lancement de son deuxième avertissement sur chiffre d'affaires et résultat depuis le début de l'année. Le deuxième distributeur mondial a indiqué qu'il "devrait désormais réaliser un résultat opérationnel avant éléments non courants en légère croissance par rapport à 2007", alors qu'il tablait avant sur une croissance de ce résultat "en ligne avec celle des ventes". Le groupe prévoit également de réaliser en 2008 un chiffre d'affaires à changes constants en hausse d'environ 6,5%, au lieu de 7%.
Egalement à Paris, la valeur BNP Paribas, qui a dévissé hier de plus de 17% dans des volumes exceptionnels (plus de 20 millions de titres ont été échangés contre à peine 4 millions la veille), a été de nouveau attaquée jeudi à la bourse de Paris. L'action a chuté de 3,57% à 33 euros après avoir été réservée à la baisse. Les investisseurs, ébranlés en début de semaine par l'annonce de lourdes pertes pour la banque de financement et d'investissement de BNP, se sont inquiétés de l'issue du deal avec Fortis.
Les chiffres macroéconomiques
En Allemagne, l'indice IFO du climat des affaires a baissé à 82,6 en décembre, après 85,8 novembre. Les économistes tablaient en moyenne sur 84. L'indice est à son plus bas depuis décembre 1982.
D'après les premières estimations d'Eurostat pour le mois d'octobre 2008, la zone euro a enregistré un excédent du commerce extérieur de 0,9 milliard d'euros avec le reste du monde, comparé à +4,2 milliards en octobre 2007. Le solde enregistré au mois de septembre 2008 était de -4,5 milliards, contre +2,9 milliards en septembre 2007. En octobre 2008, par rapport à septembre 2008, les exportations corrigées des variations saisonnières ont diminué de 2,5% et les importations de 4,6%.
Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont atteint 554 000 au cours de la semaine qui s'est terminée le 13 décembre contre 575 000 la semaine précédente (chiffre révisé de 573 000). Il s'agit d'un chiffre conforme aux attentes des marchés, qui tablaient sur 558 000 inscriptions.
L'indice de la Fed de Philadelphie s'est redressé à -32,9 en décembre alors que le consensus visait -40,5. Cet indice était ressorti à -39,3 en novembre. Rappelons qu'un indice négatif signifie une contraction du secteur manufacturier dans la région.
L'indice des indicateurs avancés calculé par le Conference Board a reculé de 0,4% au mois de novembre, conformément à la prévision moyenne des économistes. Au mois d'octobre, l'indice avait reculé de 0,9%, chiffre révisé de -0,8%.
A 17h45, l'euro cote 1,4574 face au billet vert.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
inflation : mesurée par la hausse des prix à la consommation, elle correspond à une baisse progressive de la valeur de la monnaie. D'une manière générale, une forte inflation profite au débiteur, tandis que le créditeur en pâtit.
Pour jauger l'inflation, les banques centrales s'intéressent à l'indice des prix à la consommation sous-jacent, c'est-à-dire hors les éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation. On parle alors d'indice des prix à la consommation «core». La Fed privilégie l'indice PCE «core» qui mesure l'évolution des prix liés à la consommation des ménages.
Le niveau d'inflation considéré comme acceptable par la BCE est de 2 % l'an. Aux Etats-Unis, la «zone de confort» de la Fed est de 1% à 2%.
balance courante : En comptabilité nationale, la balance courante résulte de l'épargne du secteur privé moins les investissements du secteur privé + l'excédent budgétaire (recettes fiscales moins dépenses).
Les déficits de la balance courante qui reflètent d'importants investissements dans le secteur privé pour un niveau donné d'épargne ont tendance à être acceptés par les marchés. Lorsque ces déficits sont accompagnés de déficits budgétaires importants, ils sont perçus beaucoup plus négativement.
ifo (indice) : L'institut de recherche et de prévisions économiques allemand IFO publie mensuellement les résultats d'un sondage auprès de plus de 7000 chefs d'entreprises et dirigeants de tous les secteurs, à l'exclusion de la finance. L'indice global est composé d'un volet sur la perception qu'ont les sondés du climat actuel des affaires, et d'un volet sur leurs anticipations à quelques mois. L'IFO détermine à partir de ces réponses le niveau de l'indice, sachant qu'un niveau supérieur à 100 signale qu'une majorité d'entreprises se montre plutôt optimiste, et un indice inférieur à 100 révèle une majorité pessimiste.