La Bourse de Paris a aligné une troisième séance de hausse mercredi, le CAC 40 gagnant 0,68% et prolongeant un début de semaine tonitruant, bien qu'aucune nouvelle ne soit venue nourrir l'optimisme des investisseurs.
L'indice vedette a pris 22,51 points à 3.320,31 points, dans un volume d'échanges particulièrement faible de 3,2 milliards d'euros. Il s'était envolé de 8,68% lundi et avait progressé de 1,55% mardi.
Londres a cédé 0,32%, Francfort a gagné 0,54% et l'Eurostoxx 50, 0,60%.
"On a encore un petit rebond sympathique, sous l'influence de deux éléments importants aux Etats-Unis: la perspective du plan de relance de Barack Obama, et le sauvetage du secteur automobile", a expliqué à l'AFP un vendeur d'actions parisien.
En Europe comme à Wall Street, les opérateurs continuent de miser sur une adoption rapide du plan de soutien aux constructeurs américains, alors que le Congrès et la Maison Blanche sont parvenus à un accord de principe sur une aide de 15 milliards de dollars, qui pourrait être mise au vote ce mercredi.
Cet espoir a éclipsé les mauvais chiffres de la production industrielle en France, qui a plongé de 2,7% en octobre par rapport à septembre, sous l'effet notamment d'une chute de 14,3% de la production automobile et d'un net recul (-3,5%) des biens intermédiaires.
"Le secteur automobile est bien en train de vivre la crise la plus grave de son histoire", a estimé Marc Touati, directeur délégué chez Global Equities, jugeant qu'une "simple prime à la casse" risquait d'être "hautement insuffisante pour relancer durablement et significativement l'activité".
Cet indicateur n'a rien d'étonnant, souligne de son côté le vendeur d'actions, puisqu'on "ne peut avoir que des messages de ralentissement du côté de la macroéconomie", qui limitent par avance la remontée des marchés d'ici la fin de l'année.
Dans ce contexte, "les gérants ont bien peu d'idées d'achat, et préfèrent conserver leur +cash+ en attendant d'y voir plus clair. On ne s'attend pas à voir le CAC 40 aller très au-delà des 3.300 points, ce qui n'incite pas à la prise de risque", a-t-il estimé.
Société Générale (+3,99% à 39,51 euros) a profité d'une étude favorable des analystes de Credit Suisse, qui ont relevé leur recommandation sur le titre à "surperformer" contre "neutre", estimant que la banque n'aurait pas besoin de lever de nouveaux fonds.
Peugeot (+6,85% à 13,57 euros) et Renault (+3,21% à 18,83 euros) ont bénéficié du soutien des pouvoirs publics à l'industrie automobile, en France comme aux Etats-Unis. Les titres des deux constructeurs n'ont guère souffert de l'abaissement, par l'équipementier allemand Continental, de ses prévisions de résultats.
Air Liquide a cédé 3,26% à 63,16 euros, après avoir mieux résisté que le CAC 40 depuis le début de l'année. D'autres valeurs dites "défensives", comme Vivendi (-2,95% à 22,22 euros) ont souffert de l'appétit des investisseurs pour les actions bradées.
Carrefour (-3,35% à 29,11 euros) s'est replié après avoir annoncé qu'il avait acheté pour 4,6 millions d'euros une "coquille vide" à la Bourse de Paris, rebaptisée Carrefour Property Development, destinée à lever du capital et acquérir des actifs immobiliers.
Axa a perdu 1,31% à 16,58 euros. L'assureur américain AIG, qui a échappé à la faillite, doit dix milliards de dollars à diverses institutions financières américaines, en raison de positions spéculatives qui ont mal tourné.
Eramet (+0,75% à 122,60 euros) a fini dans le vert, bien qu'il ait abaissé sa prévision de résultat opérationnel courant pour 2008, et s'apprête à encore réduire sa production début 2009, pour faire face à une forte baisse de la demande mondiale de nickel et de manganèse.
Club Méditerranée (+1,33% à 13,69 euros) a progressé à la veille de la publication de ses résultats annuels. Le groupe devrait profiter de la cession de sa filiale Jet Tours et de ses salles de gym, mais ses perspectives apparaissent plus incertaines pour 2009.