
Un peu regonflée, la Bourse de New York s'apprête à affronter une semaine riche en inconnues, avec comme point d'orgue l'élection présidentielle américaine et comme conclusion les chiffres mensuels de l'emploi, attendus avec anxiété après un mois de crise.
"Le marché va être soumis à une pression considérable, venant de différentes directions, et il sera intéressant de voir ce qui a été anticipé et ce qui causera un choc", relève Lindsey Piegza, de FTN Financial.
Mercredi, le marché devrait savoir qui du démocrate Barack Obama ou du républicain John McCain remporte la présidentielle américaine.
Seule certitude: le marché anticipe largement l'élection du candidat démocrate, en tête dans les sondages, et attend, fébrile, la levée de l'incertitude, jamais appréciée des investisseurs.
Pour plusieurs analystes, la fin de mois d'inconnue sur l'avenir de la première économie mondiale pourrait porter le marché, une fois cette étape passée, et ce, quel que soit le vainqueur.
Pour d'autres, Wall Street risque de réagir négativement à l'élection d'un démocrate, favorable à un relèvement des taxes sur les plus-values, et pourrait célébrer la victoire de son concurrent républicain.
Sur la semaine écoulée, le Dow Jones a rebondi de 11,29%, à 9.325,01 points, une hausse hebdomadaire plus vue depuis 1998, aidée par une envolée de plus de 10% lundi. Autre consolation, il a aligné deux séances de hausse en fin de semaine, une performance qui n'était plus arrivée depuis fin septembre. Même spectaculaire, ce sursaut ne fait que limiter les dégâts et l'indice vedette de Wall Street reste pour le mois d'octobre sur un plongeon de 14%.
Le Nasdaq, à forte composante technologique, a pris quant à lui 10,88% à 1.720,95 points et l'indice élargi Standard and Poor's 500 10,49% à 968,75 points. Ils affichent des chutes respectives de 18% et 17% sur le mois.
Le marché obligataire, qui avait profité de son statut d'investissement refuge quand les actions plongeaient, est reparti à la baisse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans est monté à 3,970%, contre 3,697% vendredi dernier, celui à 30 ans à 4,369%, contre 4,087%.
"Les investisseurs se rendent compte que la chute était allée trop loin", estime Sam Stovall, de Standard & Poor's. La place new-yorkaise a résisté à des nouvelles peu réjouissantes: chute de la confiance des consommateurs à un niveau jamais vu et contraction de l'économie américaine de 0,3% au troisième trimestre, même si le marché craignait pire. "Les investisseurs avaient anticipé une récession très grave. On observe une remontée alimentée par un certain soulagement", relève M. Stovall.
Alimentant un retour timide de la confiance, les mesures des autorités pour enrayer la crise du crédit ont commencé à porter, avec une détente des taux interbancaire. D'autant que la banque centrale a montré sa détermination, en réduisant son taux directeur à un niveau historiquement bas si nécessaire.
La Réserve fédérale a aussi acheté pour près de 144 milliards de dollars de billets de trésorerie en trois jours dans le cadre de son nouveau programme destiné à favoriser le financement à court terme des entreprises, signe que "les liquidité recommencent à entrer dans le sytème", selon Mme Piegza.
Mais les intervenants "continuent à avoir peur parce qu'ils ont peur de la récession, qui devrait s'aggraver dans les mois à venir, et de son impact sur les résultats des entreprises", prévient Sam Stovall.
Dans ce contexte, le marché attend avec angoisse le rapport mensuel sur l'emploi, prévu pour vendredi, alors que les charettes de licenciements se multiplient.