La Bourse de Paris a clôturé en très forte baisse mercredi, l'indice CAC 40 plongeant de 5,10%, dans un marché nerveux et affolé par les répercussions économiques de la crise financière.
L'indice parisien a dégringolé de 177,22 points à 3.298,18 points, dans un volume d'échanges très modéré de 5,025 milliards d'euros, alors qu'il avait terminé mardi en léger rebond (+0,78%).
Dans le sillage des Bourses asiatiques, les Bourses européennes ont chuté à l'unisson, Londres et Francfort abandonnant tous deux 4,46%, tandis que l'Eurostoxx 50 se repliait de 5,43%. Aucun réconfort ne venait de Wall Street, où le Dow Jones perdait 2,94% et le Nasdaq 1,53% vers 15H00 GMT.
"Le marché s'essouffle, mais ce n'est pas surprenant", a estimé Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities, rappelant que la Bourse parisienne avait "quand même rebondi de 8% depuis le point bas du vendredi 10 octobre".
"On entre dans la phase de résultats et on s'attend à des publications ingrates au troisième trimestre. On attend avec curiosité les chiffres de Carrefour et Renault, qui risquent d'être difficiles", a indiqué M. de Villepion.
L'inquiétude des marchés est d'autant plus grande qu'aux Etats-Unis, le géant pharmaceutique Merck, l'avionneur Boeing ou encore le groupe internet Yahoo! ont dévoilé des baisses très importantes de leur bénéfice net au troisième trimestre.
Le site d'informations financières Briefing.com a calculé que, sur les 49 sociétés américaines qui ont fourni des prévisions de résultats entre lundi soir et mardi, 45% étaient négatives, 30% conformes aux attentes, 21% mitigées "et seulement" 3% positives.
La place parisienne pâtit de perspectives économiques moroses, la banque suisse UBS estimant notamment que l'économie européenne devrait "entrer en récession quasiment au même moment que les Etats-Unis".
"On est en pleine inquiétude sur l'économie réelle, mais les grands argentiers sont vigilants: une phase de baisse des taux (des banques centrales) et de relance va probablement être enclenchée", pronostique Xavier de Villepion.
L'annonce d'un sommet sur la crise financière, qui réunira le 15 novembre les dirigeants du G20, n'a pourtant pas suffi à rasséréner les marchés.
Alors que l'euro poursuit sa chute face au dollar, de nombreux investisseurs "débouclent leurs positions, il n'y a que des vendeurs et quasiment pas d'acheteurs, ce qui pénalise toute la cote sans distinction", relève pour sa part Jean-Bernard Parenti, gérant chez SwissLife Gestion Privée.
Les valeurs sensibles à la conjoncture ont particulièrement souffert: Bouygues a plongé de 8,08% à 27,60 euros, Renault de 8,88% à 27,34 euros, Saint-Gobain de 8,97% à 26,17 euros.
Total (-6,19% à 36,86 euros), Vallourec (-9,81% à 79,45 euros) et ArcelorMittal (-10,06% à 19,26 euros) ont souffert par ailleurs du fort recul des prix des matières premières et du pétrole.
Accusant la plus forte chute du CAC 40, Pernod Ricard (-13,62% à 42,26 euros) était victime de son exposition au ralentissement des marchés émergents, tout comme Schneider Electric (-8,19% à 44,14 euros), qui a dû revoir en baisse sa prévision de croissance de son chiffre d'affaires pour 2008.
Alstom (-12,84% à 38,60 euros) figurait également parmi les plus fortes chutes.
Après s'être envolées la veille, les bancaires se repliaient nettement: BNP Paribas perdait 0,42% à 58,75 euros, Crédit Agricole 4,05% à 11,60 euros, Société Générale 0,26% à 48,30 euros.
Seule valeur dans le vert, EADS (+1,02% à 10,40 euros) bénéficiait du rebond du dollar.