Aux grands maux les grands remèdes. Lors d'un discours prononcé devant le parlement européen à Strasbourg, Nicolas Sarkozy a plaidé pour une vaste refonte du système financier international. Selon le chef de l'Etat, il s'agit ni plus ni moins de repenser le capitalisme mondial, dont il estime que les valeurs ont été trahies. Nicolas Sarkozy va ainsi proposer une réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pour préparer des sommets mondiaux de réflexion, dont le principe a déjà été accepté par les Etats-Unis.
L'hôte de l'Elysée a souhaité que ces réunions associent les pays industrialisés du G8 aux cinq plus grandes économies émergentes comme la Chine et l'Inde, ce qu'il considère comme la "solution la plus simple".
Parmi les autres solutions envisagées pour faire face au marasme, Nicolas Sarkozy a souhaité la création d'un "gouvernement économique clairement identifié" dans la zone euro, travaillant aux côtés de la BCE. Une idée qui a laissé José Manuel Barroso sceptique : le président de la Commission européenne a immédiatement rappelé l'importance de "ne pas mettre en cause l'indépendance de la Banque centrale".
Troisième mesure phare avancée par le dirigeant français : la création en Europe de fonds souverains destinés à apporter une réponse industrielle à la crise. "Je connais parfaitement les désaccords entre certains pays sur le sujet, mais je ne peux pas imaginer qu'on m'explique qu'il fallait une réponse unie européenne à la crise financière et que face à la crise économique il n'en fallait pas une", a t-il martelé.
Au passage, le président de l'Union européenne n'a pas manqué d'épingler les dérives du système actuel, en exigeant qu'"aucune institution financière ne (puisse) travailler sans être soumise à une régulation financière" ni qu' "aucune banque qui travaille avec l'argent des tats ne puisse travailler avec des paradis fiscaux".
Pas question non plus de reproduire l'affaire Kerviel. Les systèmes de rémunération des traders devront désormais être calculés "de façon à ne pas pousser à une prise de risque inconsidérée". Même les Etats-Unis n'ont pas été épargnés. "Peut-on continuer (…) à porter les déficits de la première puissance mondiale sans avoir un mot à dire ? La réponse est clairement, non", a estimé Nicolas Sarkozy, appelant à revoir le système monétaire.
(M-L.H.)