La Bourse de Paris a connu une nouvelle débâcle jeudi, le CAC 40 plongeant de 6,31% à l'issue d'une séance chaotique, malgré l'action concertée de sept grandes banques centrales qui n'a pas suffi à apaiser des investisseurs extrêmement inquiets.
Le bref répit que s'était octroyée mardi la bourse (+0,55%), au lendemain d'une chute historique (-9,04%), a été de courte durée: l'indice vedette a abandonné mercredi 235,33 points, à 3.496,89 points, dans un volume d'échanges de 4,081 milliards d'euros.
Toute la journée, la place parisienne a tangué violemment: dégringolant jusqu'à 3.426,85 points (-8,18%) dans la matinée, elle est ensuite remontée progressivement, passant brièvement dans le vert vers 12H00 GMT, avant de rechuter.
A l'unisson de Paris, Francfort a reculé de 5,88% et Londres de 5,18%, tandis que l'Eurostoxx 50 se repliait de 6,57%, dans le sillage des Bourses asiatiques.
L'indice nikkei s'est en effet effondré de 9,38%, sa pire séance depuis le krach de 1987. Ce recul "paraissait extraterrestre", mais force est de constater que Paris "n'en est pas loin", a commenté Yves Marçais, un vendeur d'actions.
La Bourse de New York évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant 1,35% et le Nasdaq 0,86% à 15H04 GMT.
Sept banques centrales mondiales, dont la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine, ont pourtant frappé un grand coup mercredi en abaissant de manière concertée et inattendue leurs taux directeurs.
Cette annonce "a permis de stopper l'hémorragie, mais seulement l'espace d'une petite heure", relève Marc Touati, économiste chez Global Equities.
"A l'instar d'un enfant gâté qui ne se rend plus compte des cadeaux que lui font ses parents, les marchés restent déprimés (...), tellement pessimistes que rien ne permet de les calmer", souligne-t-il.
Les nombreuses mesures annoncées par les autorités monétaires et les gouvernements ont depuis plusieurs semaines un effet paradoxal: elles apaisent les marchés l'espace de quelques heures, mais contribuent dans le même temps à alimenter la panique.
Quoi que fassent les pouvoirs publics, la baisse des indices boursiers est alimentée par le retrait massif de certains opérateurs aux abois, qui cèdent leurs titres à n'importe quel prix pour trouver des liquidités.
"Ce n'est pas un mouvement de panique, mais une +purge+", explique Yves Marçais, observant que "les investisseurs retirent massivement leurs capitaux des +hedge funds+ (fonds spéculatifs, ndlr)".
Parallèlement, de nouveaux signes de la contagion de la crise à l'économie sont apparus: en zone euro, l'économie s'est contractée de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier, a confirmé une nouvelle estimation.
Le rapport semestriel du FMI n'est pas pour rassurer les investisseurs: il prédit pour 2009 la récession aux Etats-Unis et une croissance quasi-nulle, voire négative, pour les grandes économies européennes.
"On a déjà géré des krachs, mais jamais dans une conjoncture économique aussi difficile", souligne un autre vendeur d'actions parisien, qui rappelle que "la paralysie des marchés monétaires", restreignant le crédit, "pèse énormément sur l'économie".
Les valeurs financières ont subi une nouvelle fois d'importants reculs: Axa a lâché 7,09% à 18,60 euros, BNP Paribas 7,30% à 63,43 euros, Crédit Agricole 8,24% à 12,75 euros et Société Générale 5,34% à 57,30 euros.
Les valeurs industrielles ont souffert également: ArcelorMittal a chuté de 17,39% à 23,00 euros, tandis que Renault perdait 8,11% à 33,05 euros et Schneider Electric 8,00% à 47,45 euros.