La Bourse de New York chutait lundi en fin de matinée, entraînée dans la tourmente par l'intensification de la crise financière en Europe, et évoluait sous les 10.000 points, un niveau inédit depuis octobre 2004: le Dow Jones lâchait 4,72% et le Nasdaq 5,70%.
Vers 15H55 GMT, le dow jones industrial average (djia) lâchait 487,84 points, à 9.837,54 points. Alors qu'il n'était pas passé sous les 10.000 points depuis quatre ans, il est descendu temporairement jusqu'à 9.738,30 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, perdait 111,05 points, à 1.836,34 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 cédait 5,32% (58,45 points), à 1.040,78 points.
Ces reculs restaient moins importants que les plongeons constatés en Europe: la Bourse de Francfort a cédé 7,07%, Paris 9,04% et Londres 7,85%.
La tendance avait été amorcée vendredi: Wall Street était repassé dans le rouge après le vote et la promulgation du plan de sauvetage de système financier américain, le marché attendant d'en voir les effets concrets. Le Dow Jones avait cédé 1,50%, le Nasdaq 1,48%, et le S&P 500 1,35%.
Mais le plan de 700 milliards de dollars ne produira pas immédiatement les effets bénéfiques escomptés, a reconnu le président George W. Bush.
"C'est une crise de confiance que nous avons là. Si vous n'avez pas confiance dans l'avenir, pourquoi acheter une nouvelle maison ou des actions, et pourquoi les banques prêteraient-elles de l'argent?" s'est interrogé Al Goldman, de Wachovia Securities.
"En 48 ans sur le marché, je n'ai jamais vu une confiance dans l'avenir aussi faible", a ajouté l'analyste.
"Le niveau de nervosité est considérable", a constaté Anthony Conroy de BNY ConvergEx Group.
La plupart des courtiers "n'ont jamais vu ça. C'est très différent de 1987 (date du dernier krach aux Etats-Unis, ndlr). C'est une crise économique globale, pas seulement aux Etats-Unis", a estimé M. Conroy.
Pas une seule des valeurs qui composent le Dow Jones n'était en hausse. L'indice VIX, qui calcule la volatilité, et donc la nervosité du marché sur les mouvements du S&P 500, a atteint son plus haut niveau depuis au moins 1990, selon les analystes du site d'informations financières Briefing.com.
Et l'aggravation de la crise en Europe "a augmenté le niveau de l'anxiété sur le marché", selon Patrick O'Hare, de Briefing.com.
Après la cascade de défaillances annoncées la semaine dernière, la banque allemande Hypo Real Estate (HRE), dont les difficultés font craindre une propagation à l'ensemble du secteur financier européen, a été renflouée in extremis par le gouvernement et les autres banques allemandes, tandis que la banque italienne UniCredit annonçait de son côté un plan anti-crise.
Face à cette nouvelle aggravation de la crise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu'elle allait augmenter par étapes la ligne de refinancement accordée aux banques à travers un système d'enchères, de 300 milliards de dollars au total en octobre et novembre.
La banque Citigroup perdait 8,99% à 16,70 dollars, après avoir subi un revers judiciaire dans sa tentative de bloquer la fusion de ses concurrentes Wachovia (-8,86% à 5,66 dollars) et Wells Fargo (-1,62% à 34,00 dollars).
Le groupe d'enchères sur internet eBay reculait de 7,18% à 17,60 dollars à la suite de deux acquisitions qui vont lui permettre de se renforcer dans les systèmes de paiement sur internet. Mais il va aussi supprimer 10% de ses effectifs.
Le groupe pharmaceutique Eli Lilly cédait 6,46% à 38,64 dollars. Il va lancer une offre d'achat amicale de 6,5 milliards de dollars sur la société de biotechnologies ImClone (+2,68% à 66,68 dollars), déjà convoitée par son concurrent Bristol-Myers Squibbs (-5,18% à 19,37 dollars).
Le marché obligataire profitait de la défiance pour les actions. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans plongeait à 3,473%, contre 3,644% vendredi soir, et celui à 30 ans à 3,953%, contre 4,123%.