La Bourse de Paris a plongé mercredi à son plus bas niveau depuis mai 2005, le CAC 40 chutant de 2,14% et prolongeant un début de semaine cauchemardesque, dans un marché tétanisé par les déboires du secteur financier.
L'indice vedette a lâché 87,29 points à 4.000,11 points, dans un volume d'échanges de 7,7 milliards d'euros. Le CAC 40 a porté à 7,67% ses pertes depuis la séance de lundi, marquée par la quasi-faillite de la banque américaine Lehman Brothers et les craintes sur l'assureur AIG.
Londres a abandonné 2,25%, Francfort 1,75% et l'Eurostoxx 50 2,26%.
La place parisienne n'a profité qu'en début de matinée du prêt exceptionnel accordé à AIG par la Réserve fédérale américaine, avant d'entamer un mouvement de yo-yo conclu par un plongeon en clôture, rattrapée par les craintes sur le secteur financier.
"Le marché part dans tous les sens. On ne sait pas ce qu'il va advenir exactement des activités de Lehman Brothers et d'AIG, et on se demande si Washington Mutual (banque américaine, NDLR) sera le prochain sur la liste" des établissements en péril, a expliqué à l'AFP Jean-Bernard Parenti, de SwissLife Gestion Privée.
A l'incertitude sur ces trois groupes américains se sont ajoutées "les rumeurs de banqueroute" de la banque britannique Halifax-Bank of Scotland (HBOS), qui pourrait être croquée par sa rivale Lloyds TSB, a rappelé le gérant.
Dans ce contexte, selon lui, les investisseurs se sont contentés "de racheter des titres qui avaient fortement baissé", comme Axa (+0,30% à 19,82 euros) ou Total (+0,14% à 42,28 euros) et de privilégier une poignée de valeurs refuges, dont Danone (+2,12% à 49,71 euros).
Mais ces quelques hausses ont été plus que compensées par la chute des financières, qui se sont enfoncées dans le rouge en fin de séance: BNP Paribas a perdu 3,27% à 56,19 euros, Crédit Agricole 2,52% à 11,77 euros, Dexia 5,65% à 8,22 euros et Société Générale 2,86% à 54,37 euros.
"Il va falloir apprendre à vivre avec la volatilité", a estimé le gérant de SwissLife, le marché s'exposant à de violentes embardées tant que la visibilité restera faible sur une série de thèmes, dont la crise financière et l'ampleur du ralentissement macroéconomique.
Par ailleurs, a poursuivi M. Parenti, les titres liés aux matières premières ont poursuivi leur très forte correction, nombre de gérants ayant visiblement décidé de retirer leurs fonds de ce secteur.
Relégué en queue d'indice, ArcelorMittal (-7,96% à 39,67 euros) a souffert de cette désaffection malgré l'annonce d'un plan d'économies de 4 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) sur les cinq prochaines années.
Parmi les autres valeurs chahutées, Lafarge (-4,74% à 77,56 euros) a corrigé sa progression de la veille, alors que plusieurs analystes ont jugé "peu crédibles" les rumeurs de marchés évoquant son rapprochement avec son concurrent suisse Holcim.
EDF (-1,81% à 47,13 euros) s'est replié après les déclarations de son PDG indiquant que le groupe n'achèterait pas le britannique British Energy "à n'importe quel prix", alors qu'un conseil d'administration devait faire le point ce mercredi sur le dossier.