Les marchés actions européens évoluent en net recul, affectés par les valeurs bancaires au lendemain du statut quo de la Fed. Selon une note de Goldman Sachs, la banque américaine Citigroup pourrait inscrire de nouvelles dépréciations de 9 milliards de dollars au deuxième trimestre. Fortis chute également après l'annonce d'une recapitalisation, tandis que Carrefour a déçu les analystes en précisant les modalités de la conversion des supermarchés Champion à l'enseigne Carrefour. A 12h20, l'indice CAC 40 cède 1,31% à 4477,09 points. L'indice FTSE Eurofirst 80 perd 1,57% à 4379,72 points.
La banque belgo-néerlandaise Fortis a présenté les détails de son plan d'amélioration de sa solvabilité qui représente 8 milliards d'euros, dont 1,5 milliard d'augmentation de capital via une émission d'actions. Des cessions d'actifs non stratégiques sont également au programme pour restaurer la solidité financière du groupe, affectée par la crise du "subprime" et le rachat d'une partie d'ABN Amro l'année dernière, pour 24 milliards d'euros. Les marchés réagissent mal à cette annonce, le titre Fortis plonge de 12,73% à 11,04 euros.
EADS perd 3,94% à 12,44 euros, pénalisé par une série de mauvaises nouvelles. D'une part, Société Générale a abaissé sa recommandation de Conserver à Vendre, de source de marché. D'autre part, selon un rapport détaillé publié par le Government Accountability Office (GAO), l'armée de l'air américaine a bien commis des erreurs en organisant l'appel d'offres pour ses avions ravitailleurs, finalement attribué à l'équipe EADS/Northrop et contesté par Boeing.
Plus forte baisse du CAC 40, Carrefour chute de 5,66% à 39,20 euros. Le deuxième distributeur mondial a indiqué hier que les magasins Champion passeront progressivement sous l'enseigne Carrefour ou Carrefour Market dès septembre 2008. La transformation de l'ensemble du parc de magasins sera réalisée sous 24 mois, pour un investissement total de 200 millions d'euros. Mais cette annonce très attendue a déçu l'ensemble des analystes. En cause : des synergies plus faibles que prévu.
Les chiffres macroéconomiques
En juin 2008, l'indicateur résumé d'opinion des ménages recule de quatre points, en données corrigées des variations saisonnières à -46 a indiqué l'Insee. Il s'agit de son point le plus bas depuis le début de l'enquête en janvier 1987. Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur - 42.
Aux Etats-Unis, les investisseurs prendront connaissance à 14h30 du chiffre définitif du PIB réel au premier trimestre et des indices des prix PCE et PCE « core ». Les inscriptions hebdomadaires au chômage seront également dévoilées à 14h30. Enfin, le chiffre de la revente de logements pour mai est attendu à 16h.
Sur le marché des changes, l'euro cote 1,5599 face au dollar.
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.