JPMorgan a abaissé sa recommandation de Surpondérer à Neutre et son objectif de cours de 3,25 euros à 2,70 euros sur Alcatel-Lucent. Le bureau d'études a justifié sa décision par l'absence de catalyseurs à court terme pour une revalorisation de l'équipementier télécoms. Même s'il reconnaît que l'action peut apparaître bon marché en cas d'atteinte de l'objectif de marge 2011 et de l'annonce d'une nouvelle amélioration en 2012, le broker est plus inquiet par ses marchés finaux et les prévisions 2012 du groupe.
Concrètement, il s'inquiète de la baisse des investissements des opérateurs américains dans la technologie CDMA où Alcatel-Lucent réalise des marges élevées. Par ailleurs, en raison de la cession de Genesys, dont les marges étaient élevées, l'analyste juge que l'objectif de marge pour 2012 pourrait être inférieur à celle réalisée en 2011.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur/=
- Alcatel-Lucent est le leader mondial des équipements télécoms. Leader dans l'accès haut débit, en optique (terrestre et sous-marin), en CDMA (équivalent américain du GSM), et dans le secteur de la téléphonie d'entreprise en Europe occidentale ;
- Les dirigeants actuels d'Alcatel-Lucent, arrivés mi-2008, sont appréciés par le marché ;
- Le groupe a réalisé l'essentiel de sa restructuration et peut désormais se concentrer sur sa croissance ;
- Alcatel-Lucent conserve un bon potentiel d'innovation avec un budget de R&D parmi les plus élevés du secteur ;
- Alcatel est à la pointe de l'innovation sur le segment du routage (« IP ») et gagne constamment des parts de marché sur Cisco. C'est le relais de croissance du groupe ;
- Le groupe réalise environ 30% de son activité aux Etats-Unis où les opérateurs télécoms sont en phase de réinvestissement ;
- La Chine constitue un important relais de croissance. Le groupe est le premier équipementier occidental dans ce pays, via sa coentreprise avec le gouvernement local, Alcatel-Lucent Shanghai Bell.
Les points faibles de la valeur/=
- Alcatel-Lucent évolue dans une industrie ultra concurrentielle où les prix sont tirés vers le bas, notamment par les équipementiers chinois. Cela pèse sur ses marges et menace sa capacité bénéficiaire ;
- Le groupe gère à présent le plus vaste portefeuille d'activités de tous les équipementiers, ce qui constitue un handicap aux yeux de certains analystes ;
- Le groupe ne cesse d'enregistrer des dépréciations d'actifs depuis sa fusion fin 2006 avec l'Américain Lucent et, en conséquence, des pertes. Cette opération n'a jamais convaincu les investisseurs ;
- Les résultats ressortent très souvent inférieurs aux attentes des analystes financiers ;
- La situation financière du groupe est source d'inquiétude. Des rumeurs d'augmentation de capital pèsent régulièrement sur la valeur ;
- Les dirigeants ne peuvent dire quand l'entreprise pourra verser à nouveau des dividendes ;
- La valeur est très volatile et reste donc réservée aux investisseurs amateurs de sensations fortes.
Comment suivre la valeur
- Hormis la conjoncture boursière, le rebond du titre dépend du retour à une croissance rentable.
- La valeur est très sensible à la parité euro/dollar ainsi qu'à la conjoncture américaine, et ce depuis la fusion entre Alcatel et Lucent ;
- Surveiller la santé des opérateurs télécoms est indispensable pour évaluer comment se porte la demande d'infrastructures auprès des équipementiers ;
- L'évolution de l'industrie des composants est également primordiale. Les pénuries influent sur l'activité de l'équipementier ;
- Les résultats et perspectives des concurrents directs d'Alcatel, notamment Cisco, peuvent aussi influer sur la valeur ;
- Surveiller le développement en Chine, qui représente un enjeu majeur. Le groupe fait aussi régulièrement l'objet de rumeurs de rachat par un groupe chinois ;
- L'évolution des parts de marché d'Alcatel-Lucent sur de nouveaux segments porteurs comme l'optique terrestre (via l'offre 100 G), le backhaul (via l'offre Ethernet) et l'accès dans les réseaux mobiles (efforts en 3G et 4G actuellement) est également très suivie.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
La course à l'innovation s'intensifie. Ainsi, HTC a récemment proposé deux nouveaux modèles de smartphones («Radar» et «Titan»), qui utilisent la dernière version de l'OS Windows Phone. Le constructeur taîwanais souhaite renforcer son partenariat avec Microsoft pour concevoir des appareils grand public et se distinguer de la concurrence. Il cherche à diversifier son offre avec sept modèles fonctionnant avec Windows Phone et une dizaine avec Android (le système d'exploitation mobile de Google). Quant à Samsung, il a développé son propre système d'exploitation pour mobile, «Bada», afin de réduire sa dépendance à Google. Il a présenté un nouveau smartphone, le «Wave 3», qui fonctionne avec ce système. Cette quête de nouveautés est indispensable pour permettre aux acteurs de maintenir, voire consolider leurs positions dans un secteur en perpétuel mouvement. Un nouvel acteur, donc concurrent potentiel, pourrait émerger prochainement, puisque Panasonic, qui est déjà présent dans la téléphonie mobile au Japon, pourrait se développer sur ce marché en Europe à l'avenir.