(AOF / Funds) - L'EURUSD a poursuivi sa tendance haussière jusqu'à un niveau de 1,42 suite au sommet européen qui a acté plusieurs mesures destinées à contenir la crise souveraine, estime Nordine Naam de Natixis. Dans le détail, la décote sur la dette grecque (allant jusqu'en 2020) est au final de 50%, soit une réduction de dette de 100 milliards. La dette sur PIB est ainsi ramenée à 120%, soit un niveau plus soutenable pour la Grèce. Dans ce contexte, la recapitalisation des banques européennes serait de l'ordre de 106 milliards d'euros, de manière à respecter un ratio de fonds propres de 9% au 30 juin 2012.
"Par ailleurs, la force de frappe du FESF sera renforcée jusqu'à un niveau de 1.000 milliards d'euros grâce à un mécanisme permettant de garantir une partie des nouvelles émissions des pays périphériques. De plus, des véhicules de fonds spéciaux (SIPV) seront mis en place afin d'attirer des investisseurs souverains (pays émergents et FMI). Même si la BCE a clairement réduit le montant de ses achats ces dernières semaines, elle pourrait continuer à acheter de la dette souveraine si besoin était", ajoute l'analyste.
"Toutes ces annonces vont dans le bon sens et réduisent quelque peu le risque systémique qui se reflétait dans la valorisation des valeurs bancaires. Cela a provoqué une forte chute du dollar, qui a joué le rôle de valeur refuge depuis cet été. Cela a donc favorisé le rebond de l'euro et poussé probablement les comptes spéculatifs à racheter leurs positions vendeuses d'euro."
"Compte tenu du niveau important des positions vendeuses d'euro (77.000 la semaine dernière), le rebond technique de l'euro pourrait se poursuivre à très court terme jusqu'à u niveau de 1,43 si leur débouclage se poursuivait. L'EURUSD reviendrait dans la fourchette de 1,40-1,45 dans laquelle il a évolué pendant plusieurs mois cette année. Cela devrait favoriser la poursuite de la baisse de la volatilité."
"Mais rapidement, les doutes reprendront le dessus, notamment sur les modalités de fonctionnement du FESF. Est-ce qu'il rassurera suffisamment les investisseurs pour les amener à revenir à l'achat sur les dettes des pays périphériques ? Rien n'est certain. En particulier, l'Italie doit encore faire ses preuves notamment en implémentant les dernières mesures annoncées. Et à ce titre, la dette italienne a sous-performé ce jeudi par rapport aux autres dettes périphériques avec un taux 10 ans toujours très pénalisant à 5,86%."
"Second point, le plan européen est pénalisant pour les banques qui devront réduire leur bilan, vendre des actifs tout en diminuant le versement de dividendes. Bref, cela risque de provoquer un crédit crunch, et par là de pénaliser davantage la croissance européenne et les pays périphériques dans leur effort de réduction des déficits. Face à un tel risque de credit crunch, la BCE sera amenée à réduire ses taux directeurs afin de soutenir les banques. Dans un tel environnement, l'EURUSD sera de nouveau sous pression dans les prochaines semaines."