La Bourse de New York évoluait en forte baisse jeudi à la mi-journée, les investisseurs interprétant les propos de la banque centrale américaine (Fed) comme un aveu d'impuissance face à une récession qu'ils jugent imminente: Dow Jones -3,55% et Nasdaq 2,92%.
A 16H05 GMT, le Dow Jones Industrial Average abandonnait 395,21 points à 10.729,63 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 74,12 points à 2.464,07 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 perdait 3,24% (37,85 points) à 1.128,91 points.
"C'est une situation étrange, on se sent presque sans espoir", a déclaré à l'AFP Hugh Johnson, PDG de la maison de courtage Hugh Johnson Advisors.
Wall Street s'inquiète "qu'aucun homme politique ne soit en mesure de faire quelque chose. Ce que la Fed a dit c'était +on ne peut pas en faire plus+, et à Washington personne ne veut vraiment bouger avec le Congrès divisé sur la loi sur l'emploi" proposée par Barack Obama, a ajouté M. Johnson.
"Les investisseurs ont été déçus que les dirigeants (de la Fed) n'en n'aient pas fait davantage, surtout que leur communiqué indiquait que la Fed voit des risques importants, y compris des pressions dans les marchés financiers mondiaux", a noté pour sa part Scott Marcouiller de Wells Fargo Advisors.
"Les investisseurs jugent que l'action de la Fed n'aura qu'un impact minime sur la croissance économique à court terme", a poursuivi Frederic Dickson, de DA Davidson Companies.
Très attendue, la réunion du Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine s'est achevée mercredi soir par un communiqué pessimiste qualifiant la reprise économique américaine de "lente" et faisant état des "risques importants" qui la menacent.
En conséquence, la Réserve a lancé une opération visant à faire baisser les taux d'intérêt à long terme pour soutenir l'activité.
Pour le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, la lenteur de la croissance économique est un défi "plus grand" que celui de la dette.
Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage sont reparties à la baisse la semaine dernière, mais moins qu'espéré. L'indice composite du Conference Board a par ailleurs ralenti sa hausse (+0,3%) en août, ce qui témoigne d'une augmentation du risque de rechute de l'activité, mais sa progression est malgré tout plus forte que prévu.
L'indice du Conference Board indique "qu'on n'était pas en récession en août. Mais le message du marché aujourd'hui, c'est qu'on va l'être bientôt", a insisté Hugh Johnson.
Les analystes pointaient en outre une série de mauvais indicateurs en Chine, où l'activité manufacturière s'est contractée au mois de septembre, selon l'indice PMI préliminaire de la banque HSBC.
"La Chine continue de ressentir l'effet du ralentissement des exportations vers l'Europe et les Etats-Unis", a noté Frederic Dickson, faisant valoir que l'économie chinoise est "un catalyseur majeur" depuis la reprise de 2009.
En Europe, les Bourses européennes ont connu une Bérézina: Francfort a perdu 4,96%, Paris 5,25%, Londres 4,67% et Milan 4,52%. Encore une fois, les valeurs bancaires ont particulièrement alimenté cette dégringolade, Société Générale et Crédit Agricole perdant plus de 9%.
A Wall Street, Goldman Sachs lâchait 5,34%, Morgan Stanley 8,90%, Bank Of America 4,08% et Citigroup 5,05%.
Considérée comme un baromètre de l'économie américaine, le groupe de messagerie FedEx abandonnait 9,38% à 65,68 dollars après avoir abaissé ses prévisions pour 2012.
Le conglomérat United Technologies (UTC) perdait 8,53% à 68,48 dollars. Il a lancé une offre publique d'achat amicale sur l'équipementier aéronautique Goodrich. Ce dernier prenait 10,21% à 120,67 dollars: l'offre d'UTC est de 127,50 dollars par action, ce qui le valorise à 18,4 milliards de dollars.
Inquiets, les investisseurs se ruaient vers les bons du Trésor américain, jugés solides, faisant bondir les prix mais chuter les taux.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 1,764% contre 1,875% mercredi soir, enregistrant un nouveau record de faiblesse avec 1,754%. Celui à 30 ans reculait à 2,857%, après avoir connu son plus bas niveau depuis janvier 2009 avec 2,824%. Il avait terminé à 3,039% mercredi soir.