Selon une source de marché, Exane BNP Paribas a réduit son objectif de cours sur Suez Environnement de 13% à 13 euros tout en réitérant son opinion Neutre. Le courtier a publié une étude dans laquelle il aborde les principales interrogations des investisseurs concernant Veolia et Suez Environnement : sensibilité au PIB, risque sur les volumes dans le recyclage et impact de la baisse des prix des matières premières.
L'analyste a également étudié les dernières tendances concernant les tarifs de l'eau et l'intensité concurrentielle internationale autour des contrats. Enfin, le courtier a analysé la génération du cash flow, les dividendes et les risques d'augmentation de capital.
Fondamentalement, Exane est prudent vis-à-vis des secteurs de l'eau et de recyclage alors que l'affaiblissement de l'économie devrait pénaliser la croissance sur la période 2012-13 tandis que les tarifs restent sous-pression. De nouvelles mesures de sécurité risquent également de pénaliser la croissance des volumes. Le bureau d'études n'attend pas d'augmentation de capital à ce stade, bien que cela dépende de la capacité du management de Veolia à achever son ambitieux plan stratégique.
L'analyste a réduit ses estimations de bénéfice par action 2011-2013 sur les deux compagnies entre 7% et 12% après avoir intégré un ralentissement du PIB des pays avancés (+1,8%), une augmentation des impôts chez Suez et une baisse des gains liés aux actifs récurrents chez Veolia.
Exane estime qu'il est trop tôt pour revenir sur Veolia. Il préfère Suez Environnement, pensant que le groupe devrait mieux s'en sortir en raison d'une meilleure exposition géographique. L'analyste attend de Suez une plus forte efficacité en termes de réduction des coûts. Pour autant, le broker a réduit ses prévisions, tablant sur un BPA inférieur de 10% au consensus 2012-2013.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le numéro deux mondial des services à l'ENVIRONNEMENT bénéficie de trois grands moteurs de croissance : l'accroissement de la population mondiale et de l'urbanisation, la nécessité de gérer les impacts sur l'environnement, et enfin le renforcement des réglementations ;
- La grande part du chiffre d'affaires réalisée auprès des collectivités locales ou des Etats à travers des contrats à long-terme confère au groupe une bonne visibilité sur son activité (en France, les collectivités locales, agences de l'eau et l'Etat représentent 60% de son activité dans l'Eau) ;
- Le modèle de gestion déléguée qui est celui de Suez Environnement (et de Veolia) devrait fortement se développer, les opérateurs privés fournissant en eau moins de 10% de la population mondiale (contre 65% en France). Ce modèle est moins coûteux pour les clients que celui de la régie ;
- Suez Environnement bénéficie de solides parts de marché en Europe ;
- Au contraire de son concurrent Veolia, l'entreprise n'a pas mené de coûteuses acquisitions en haut de cycle, et se trouve donc moins fragilisée ;
- La prise de contrôle d'Aguas de Barcelona va permettre de créer un deuxième pilier européen dans l'eau ;
- Le groupe bénéficie d'une situation capitalistique stable avec un actionnaire de référence, GDF Suez, qui détient 35% du capital.
Les points faibles de la valeur
- Les investisseurs boudent toujours la valeur ;
- La crise a mis en évidence la forte exposition d'une partie des activités de Suez Environnement aux cycles économiques alors que le groupe a longtemps été perçu comme défensif ;
- Le ralentissement économique a particulièrement touché les activités déchets liées aux clients industriels et commerciaux, à caractère cyclique ;
- Dans un contexte de reprise molle dans la zone euro, où le groupe réalise encore l'essentiel de son activité, la visibilité reste faible, notamment sur les activités propretés ;
- La consolidation dans les comptes de la totalité d'Agbar alourdit la dette nette du groupe de 1,2 milliard d'euros.
Comment suivre la valeur
- La valeur reste considérée comme défensive ;
- Les activités liées à l'eau et à la propreté sont fortement consommatrices de capitaux. Les sociétés comme Suez Environnement, qui appartiennent au secteur dit des « utilities », ont traditionnellement un niveau d'endettement élevé et sont en ce sens dépendantes des taux d'intérêt ;
- La décote de Suez Environnement sur Veolia n'est pas réellement justifiée, selon les analystes, même si Veolia peut prétendre à une prime de leader du secteur ;
- L'intégration d'Agbar est à suivre ;
- A partir de juillet 2011, et conformément au pacte d'actionnaires (qui dure jusqu'en juillet 2013), chaque partenaire du pacte a la liberté de céder ses titres en respectant l'ordre de préemption (aux actionnaires hors GDF, puis GDF puis Suez Environnement). Un renforcement de GDF Suez dans Suez Environnement, qui pose par ailleurs comme préalable la volonté d'un autre actionnaire de se désengager, est peu probable selon les analystes.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le deuxième acteur mondial dans le domaine de l'électricité est né. Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez vient de reprendre le britannique International Power. Il est ainsi propulsé du neuvième au deuxième rang des producteurs mondiaux d'électricité, derrière EDF. Il devient également le leader mondial des groupes de services aux collectivités (utilities) en tenant compte de la production de gaz. Toutefois, cette opération va accroître la dette de GDF Suez, qui va passer de 33,5 à 42,4 milliards d'euros. Le groupe français compte donc lancer des cessions de 4 à 5 milliards d'euros.