Oddo a abaissé sa recommandation à Alléger et son objectif de cours de 17,5 euros à 13 euros sur M6 dans le cadre d'une étude consacrée au secteur des médias. Il a justifié sa décision par un newsflow publicitaire à risque et une pression structurelle sur les audiences. Suite à la révision à la baisse de son scénario macroéconomique, Oddo a réduit ses prévisions de croissance des dépenses publicitaires mondiales à 2,8% pour 2012 (vs 5% précédemment), dont -1,1% pour la France (vs +2,2%).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- M6 s'efforce depuis plusieurs années de limiter sa dépendance vis-à-vis du marché publicitaire en diversifiant ses sources de revenus. Le chiffre d'affaires des diversifications est désormais équivalent à celui de la publicité. Le groupe a une longueur d'avance sur TF1 dans ce domaine ;
- M6 a su profiter de la montée en puissance des chaînes thématiques et s'est renforcée dans le domaine de la tnt (W9, Paris Première, TF6...). Les services de télévision de rattrapage (catch up TV) constituent également un moyen de récupérer une partie de l'audience ;
- Le groupe souhaite poursuivre sa stratégie de diversification et de relais de croissance ;
- La structure financière du groupe est saine ;
- La valeur offre un rendement de près de 6%.
Les points faibles de la valeur
- M6 n'est présente que dans l'hexagone et manque de revenus internationaux ;
- Les activités de vente à distance et de musique ne jouent par leur rôle de relais de croissance ;
- En raison de sa présence sur plusieurs canaux, M6 cumule les coûts de diffusion, ce qui constitue une charge supplémentaire ;
- Après les acquisitions par TF1 de TMC et NT1 et de Virgin 17 par Bolloré, M6 a perdu son avance sur la TNT ;
- Le marché de la TV gratuite, à faible croissance, fait face à des incertitudes majeures. L'arrivée prévisible de Canal+ dans le gratuit déséquilibrerait le marché, du fait de la puissance d'achat du groupe dans le cinéma et la fiction ;
- Le marché publicitaire aura du mal à absorber les 5 ou 6 nouvelles chaînes prévues dans les prochains mois, qui produiraient une hausse du coût des programmes et une dépréciation des écrans publicitaires ;
- La distribution d'un dividende exceptionnel, suite à la sortie du capital de Canal+, démontre le manque d'opportunité d'investissements ;
- Le groupe a un cadre réglementaire plus contraignant avec son club des Girondins de Bordeaux. Il devrait être en perte opérationnelle sur l'année, sauf qualification en Ligue des Champions pour 2011-12.
=/Comment suivre la valeur ?/=
- Les groupes de télévision sont confrontés à un univers audiovisuel en profonde mutation, marqué notamment par le poids de plus en plus important pris par internet et la fragmentation des audiences, provoquée par le succès de la Télévision Numérique Terrestre ;
- Malgré la diversification de ses sources de revenu, M6, comme ses concurrentes, dépend fortement de l'évolution du marché publicitaire, lequel est extrêmement cyclique. La période de fin d'année est très importante ;
- Les baromètres de mesure d'audience (type Médiamétrie) sont des indicateurs à suivre ;
- Une concrétisation de la stratégie de croissance externe, et donc l'optimisation de la trésorerie nette du groupe, est considérée comme le principal catalyseur en Bourse pour les prochains mois. Mais les cibles sont rares ;
- Nicolas de Tavernost, le président du groupe, est déterminé à exercer un lobbying visant à assouplir la règlementation audiovisuelle française. Il souhaite aussi un moratoire sur les chaînes bonus censées être accordées aux trois opérateurs historiques (TF1, M6, Canal+) en novembre 2011.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Les groupes avaient initialement choisi de ne pas faire payer leurs contenus en ligne, en misant sur les revenus publicitaires engendrés par l'audience. Ils revoient aujourd'hui leur position et mettent en place des systèmes de péage. Le britannique Times, appartenant au groupe News Corp., a choisi la formule du tout-payant sur le Web depuis le 1er juillet. Quant au New York Times, il introduira une formule payante début 2011. Il se dirige vers le freemium : une partie du contenu du site est gratuite tandis que l'autre est payante. En France, plusieurs quotidiens généralistes ont opté pour cette formule. En septembre 2009, Libération a rendu payants sur son site des articles de son quotidien papier. LeFigaro.fr a également introduit un système d'abonnement en février. LeMonde.fr, l'un des premiers à avoir facturé des contenus en 2002, réserve désormais les articles de son quotidien papier à la version payante de son site. Ces acteurs espèrent ainsi rentabiliser une audience qui s'établit à plusieurs millions de visiteurs uniques mensuels et éviter la cannibalisation des contenus des versions papier.