Les marchés européens ont fait du yo-yo mardi, s'envolant et plongeant au gré des rumeurs et de leurs démentis pour terminer en nette hausse, portés par les valeurs bancaires et par l'annonce d'un rendez-vous téléphonique entre les dirigeants grec, allemand et français.
Les places européennes ont vécu une folle journée de volatilité, révélatrice de la nervosité des investisseurs toujours hantés par la crainte d'une faillite de la Grèce et d'un effondrement de la zone euro.
"La tragédie grecque continue de se jouer, chaque nouvelle scène apportant un élément au drame et accroissant la volatilité des cours", a relevé Frederic H. Dickson, analyste de D.A. Davidson.
A la clôture, Paris a finalement gagné 1,41%, Francfort 1,85%, Milan 2,19%, Madrid 2,53% et Londres 0,87%.
Portés par cet élan en Europe, les indices de Wall Street ont arraché une deuxième séance de hausse, après une journée hésitante. Le Dow Jones a gagné 0,40% et le Nasdaq 1,49%.
Les valeurs bancaires européennes, massacrées ces derniers jours par les marchés en raison de leur exposition à la dette grecque, ont effectué un redressement spectaculaire. En France, Société Générale a flambé de 14,96% après avoir chuté de 6% en matinée. L'allemande Deutsche Bank a bondi de 8,15%, l'espagnole Santander de 4,33% et l'italienne Banca Popolare di Milano de 8,35%.
Selon les opérateurs, c'est l'annonce d'une téléconférence mercredi entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre grec Georges Papandréou qui a permis aux marchés de remonter la pente en fin de séance, en nourrissant les spéculations sur une nouvelle initiative en faveur d'Athènes.
Dans le courant de la journée, des rumeurs "d'initiative franco-allemande sur la Grèce" avaient déjà déclenché une éphémère envolée des cours, vite retombée après les démentis de Paris et Berlin.
Angela Merkel a martelé mardi que "la priorité absolue" était "d'éviter un défaut de paiement incontrôlé" de la Grèce, à quelques jours d'une réunion des ministres des Finances européens à laquelle assistera le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner.
Dans la matinée, une première rumeur avait déjà donné du répit aux places européennes, par ailleurs rassérénées par un rebond de Wall Street la veille au soir. Cette rumeur, qui évoquait un achat par le fonds souverain chinois d'obligations d'Etat italiennes, a été à son tour démentie par Rome qui a précisé que les discussions avec la Chine portaient uniquement sur des investissements industriels, et non sur un achat de dette.
Depuis plusieurs jours, l'Italie, troisième économie de la zone euro, qui ploie sous l'une des dettes publiques les plus lourdes de la zone, est dans la ligne de mire des marchés. Elle a procédé mardi à une émission obligataire dont les taux se sont envolés à des niveaux record, signe de la défiance du marché.
Rome a mis au point en août un nouveau plan de rigueur draconien de 54,2 milliards d'euros, qui doit permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire son colossal endettement (120% du PIB).
Ce plan d'austérité "sera présenté mercredi avec un vote de confiance à la Chambre des députés et sera approuvé sans changement", a promis le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, à l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy.
Autre victime de rumeurs, BNP Paribas a démenti des propos, prêtés à un cadre anonyme de la banque française et rapportés par le quotidien américain le Wall Street Journal, faisant état d'une incapacité pour le groupe à trouver des liquidités en dollars. Le titre a terminé sur un rebond de 7,20%.
Au milieu de cette nervosité générale, les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait savoir qu'ils allaient discuter la semaine prochaine de la possibilité de venir en aide à l'Union européenne.