UBS a relevé sa recommandation sur Total de Neutre à Achat à l'occasion d'une étude sectorielle sur les compagnies pétrolières européennes. Dans une note séparée, le broker a révisé à la hausse ses prévisions de prix de pétrole à la lumière de la fin des combats en Libye et de la révision à la baisse des perspectives de croissance de l'économie mondiale. Le bureau d'études a relevé son estimation de baril de brent pour 2011 de 105,72 dollars à 111,47 dollars et pour 2012 de 95 à 100 dollars. Son estimation de long terme reste à 95 dollars.
Le courtier reconnaît que la révision à la hausse des objectifs de cours et des recommandations a été effectuée alors que risque d'une baisse des cours ne doit pas être écartée. Mais il souligne que les titres se négocient actuellement à une valorisation attractive comparée aux multiples historiques du secteur.
UBS est donc passé à l'Achat sur Total et Statoil. La compagnie pétrolière française a souffert en Bourse ces dernières semaines et les investisseurs se sont désintéressés du groupe. L'analyste estime que l'évolution de la stratégie du groupe va conduire le marché à s'intéresser de nouveau à l'entreprise.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Total fait partie du « top 5 » des compagnies pétrolières ;
- Le groupe bénéficie d'une bonne capacité à renouveler ses réserves et à accroître sa production d'hydrocarbures, grâce à la mise en service de nouveaux gisements ;
- Le groupe a élargi son champ de compétences aux gaz non conventionnels et renforcé ses positions dans des domaines porteurs - le GNL et les sables bitumineux - et a fait son retour en Irak ;
- Sur 2011-2012, Total vise le démarrage de la production de 10 nouveaux projets. Ces projets devraient représenter en 2011 une production additionnelle de 50 kb/j qui compensera le déclin de la base de production ;
- Les objectifs 2010-2015 du groupe (hausse moyenne de la production de 2% par an et retour moyen des capitaux employés de 13%) devraient lui permettre de rester au meilleur niveau européen et de se rapprocher du leader ExxonMobil en matière de croissance et de rentabilité, mais également de poursuivre une hausse progressive de son dividende ;
- Le titre bénéficie d'ailleurs du statut de valeur de rendement du fait de la qualité de la génération de ses flux de trésorerie. Conformément à son habitude, le groupe a versé un acompte sur dividende en novembre 2010.
Les points faibles de la valeur
- La bonne marche de l'activité est perturbée par (i) des champs matures qui déclinent plus rapidement qu'anticipé, (ii) des nouveaux gisements toujours plus difficiles à mettre en service, (iii) les baisses de quotas des pays de l'Opep, qui entraînent des ajustements mécaniques chez les compagnies pétrolières, ou, enfin, (iv) des incidents à répétition dans certains pays (Nigeria...) ;
- La crise structurelle du raffinage a été amplifiée par la crise économique ;
- L'image de l'entreprise auprès du grand public est ternie. Après les catastrophes de l'Erika et de l'usine AZF, le groupe est visé en tant que personne morale dans l'affaire pétrole contre nourriture en Irak. La fermeture très médiatisée du site de Dunkerque a un peu plus brouillé son image. Le groupe a été condamné au début de l'été 2010 à rouvrir ce site.
Comment suivre la valeur
- Pour toute compagnie pétrolière, la croissance de la production de pétrole et de gaz constitue le nerf de la guerre ;
- Les projets de développement de Total doivent être appréhendés sur le long terme ;
- Les réductions de capacité dans le raffinage en Europe sont inévitables pour des raisons structurelles liées à la baisse de la demande de produits pétroliers et à la prédominance du diesel dans le parc automobile français ;
- L'évolution de la première capitalisation de la Bourse de Paris est très liée aux cours du baril de pétrole. Pour que le cash flow du groupe lui permette de payer ses investissements et les dividendes, Total aura besoin en 2011, selon les analystes, d'un niveau de prix du brut situé entre 80 et 90 dollars/baril ;
- Le cours du dollar par rapport à l'euro est également à suivre car l'augmentation de l'euro par rapport au dollar ampute le résultat opérationnel ;
- Les tensions géopolitiques sont à surveiller car elles peuvent perturber la production ou les réserves stratégiques de Total ;
- Enfin, les acquisitions du groupe dans le pétrole non conventionnel sont à suivre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
En se basant sur une amélioration des perspectives économiques, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011 de 80.000 et 50.000 barils par jour. Cette révision résulte de la prise en compte de nouvelles estimations concernant la croissance économique mondiale, notamment celles émanant du FMI et de l'ocde En conséquence, l'AIE considère que le monde devrait consommer cette année 86,6 millions de barils par jour (mbj), soit 1,8 million de plus qu'en 2009 (+2,2%). En 2011, la consommation de pétrole devrait s'établir à 87,9 mbj, ce qui constitue une hausse de 1,3 millions de barils (+1,5%) par rapport à 2010. L'hypothèse sous-jacente est que l'activité économique mondiale se développe de 4,5% cette année et de 4,3% l'an prochain. La croissance de la demande de pétrole devrait provenir quasiment uniquement des pays émergents. Ainsi en Chine, la consommation de pétrole a progressé de près de 10% sur un an à fin juin. Ce pays est récemment devenu le premier consommateur d'énergie au monde, détrônant ainsi les Etats-Unis.