Désireuse d'oublier un mois d'août exécrable, la Bourse de Paris a réussi à se refaire une santé cette semaine, malgré une très mauvaise séance vendredi, et porte maintenant ses espoirs dans les annonces du président Barack Obama.
Tournant le dos à un mois d'août où il avait chuté de 12,5%, le marché s'est ressaisi, enchaînant quatre séances de hausse avant de reculer fortement à cause de très mauvais chiffres sur l'emploi américain.
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a gagné 1,97% et terminé vendredi à 3.148,53 points.
"Le CAC 40 a rebondi car, paradoxalement, aux yeux des investisseurs, plus les statistiques sont mauvaises moins les dirigeants américains pourront échapper à la mise en place de nouvelles mesures de relance", commente Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque.
Les indicateurs publiés cette semaine outre-Atlantique n'étaient pas de nature à rassurer.
Les Etats-Unis n'ont créé aucun emploi en août, une première depuis septembre 2010.
L'activité manufacturière a certes continué de croître mais à un rythme plus lent, le moral des ménages est retombé à son niveau le plus bas depuis avril 2009 et les promesses de ventes de logements ont rechuté en juillet après deux mois de hausse consécutifs.
"Ces chiffres valident un scénario de net ralentissement, mais pas encore de récession", souligne Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
Autre inquiétude, le Fonds Monétaire International (FMI) a fortement revu en baisse sa prévision de croissance de l'économie américaine à 1,6% cette année contre 2,5% jusqu'à présent, selon des documents ayant transpiré dans la presse.
"Le marché tient car il attend des annonces de la Réserve fédérale américaine, lors de sa prochaine réunion le 20 septembre, mais aussi à plus court terme de Barack Obama", commente Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BCG.
Le président américain doit présenter jeudi un nouveau plan pour créer des emplois et relancer la croissance.
Les mesures annoncées pourraient comprendre des réductions d'impôts ciblant les classes moyennes, des projets d'investissement dans les infrastructures, une aide pour les chômeurs de longue durée et des mesures de soutien aux secteurs économiques les plus en difficulté.
"La bonne nouvelle est que la Maison Blanche a revu à la baisse sa prévision de déficit budgétaire de l'Etat fédéral pour 2011 et 2012, ce qui lui laisse une marge de manoeuvre plus importante pour agir", souligne M. Murail.
Mais, ce nouveau plan risque tout de même fort de se heurter à l'obstruction des républicains, peu enclins à soutenir M. Obama à quatorze mois de la présidentielle de 2012 et qui ne jurent que par les baisses d'impôts pour relancer l'économie.
La réunion de la banque centrale européenne, jeudi, sera un autre temps fort de la semaine.
"Vu la conjoncture, on espère que la BCE va envoyer un signal clair au marché, laissant entendre qu'il n'y aura pas de nouvelles hausses de taux à moyen terme", indique M. Mourier.
Enfin, les tensions en zone euro, engluée dans la crise de la dette, pourraient à nouveau peser sur le moral des investisseurs.
Le ministre des Finances grecs, Evangelos Venizelos, a reconnu que l'objectif de déficit public du pays pour 2011 ne serait pas atteint, ce qui menace la mise en place du second plan d'aide octroyé à Athènes.
Ce prêt est aussi fragilisé par les doutes sur la solidité des banques européennes.
Si ces établissements inscrivaient à leur bilan les obligations des Etats de la zone euro à leur valeur de marché, leurs fonds propres chuteraient d'environ 200 milliards d'euros, soit de 10 à 12%, selon des calculs du FMI relayés par la presse, d'où un besoin urgent de recapitalisation.
Peu de statistiques importantes sont attendues aux Etats-Unis la semaine prochaine, à part l'indice ISM dans les services, et les marchés américains resteront fermés lundi pour la fête du Travail.