La Bourse de Paris va concentrer ses maigres espoirs sur le discours du président de la banque centrale américaine la semaine prochaine, après avoir rechuté en raison des craintes les plus vives sur l'économie mondiale.
L'indice CAC 40 a perdu 6,13% sur la semaine, pour clôturer vendredi à 3.016,99 points. Cela porte son repli depuis le 1er janvier à 20,71%.
Le début de la semaine avait pourtant été marqué par la faible activité des marchés, en raison de l'absence de nombre d'investisseurs, en vacances pour le 15 août, comme en témoignait la faiblesse des volumes d'échanges.
Ce n'était que le calme avant une nouvelle tempête qui s'est abattue jeudi sur les marchés, le CAC 40 chutant de 5,48%, avant de perdre encore 1,92% vendredi.
"Les marchés se trouvent dans la situation la pire: celle de ne pas savoir!", souligne Franklin Pichard, gérant chez Barclays Bourse.
L'affolement des investisseurs a trouvé sa source dans les inquiétudes renouvelées sur la faiblesse de la croissance mondiale, d'autant que son moteur, les Etats-Unis, semble durablement enrayé.
"Les investisseurs intègrent de plus en plus un début de récession dans leurs évaluations des entreprises. Les économistes de marché sont en train de revoir leurs prévisions de croissance à la baisse de manière drastique", résume Nicolas Just, responsable gestion actions chez Natixis AM.
Les opérateurs sont confortés dans leur opinion par une série d'indicateurs américains, sur l'immobilier, l'emploi et l'activité économique, tous très décevants.
La semaine prochaine sera encore riche en statistiques, avec les ventes de logements neufs, les commandes de biens durables et des indicateurs avancés sur l'activité, ainsi que la seconde estimation du PIB américain pour le deuxième trimestre, la première ayant été catastrophique.
"Les investisseurs ont été pris complètement à contre-pied depuis avril-mai sur les chiffres macroéconomiques, notamment en provenance des Etats-Unis", rappelle M. Just.
Du coup, les marchés refusent de prendre le moindre risque, reportant leurs espoirs "sur les réactions publiques, que ce soit des dirigeants politiques ou des banquiers centraux", relèvent les économistes d'ING.
La journée clé sera le vendredi 26 août, avec le discours du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, à Jackson Hole.
"Le marché actions demande plus de perfusion", note M. Just, alors que certains analystes évoquent la possibilité d'un troisième programme de rachats de titres par la Fed.
Pour les stratégistes de BNP Paribas, "il y a de bonnes chances pour que Bernanke évoque de nouvelles mesures", surtout après avoir indiqué début août que la Fed maintiendrait pendant deux ans ses taux à des niveaux quasi-nuls.
Hormis ce rendez-vous américain, les regards sont encore tournés vers la zone euro, où le sommet franco-allemand mardi n'a pas suffi à rassurer le marché, malgré la volonté affichée de renforcer la zone euro.
La France doit dévoiler mercredi 24 août ses pistes pour réduire les déficits publics et tenter de rassurer sur l'orthodoxie budgétaire.
M. Just regrette "l'incapacité des dirigeants politiques américains et européens à présenter un front uni dans chaque zone pour donner un début de réaction politique aux problèmes économiques".
Sans compter que les banques européennes sont toujours la cible des investisseurs, avec une journée noire jeudi, fragilisées par leur exposition à la zone euro et victimes de craintes sur leur financement à court terme.
Pour M. Just, "étant donné le fait qu'il est difficile de comprendre l'étendue des risques inclus dans les bilans des banques, il est facile de lancer des rumeurs qui auront un impact sur les marchés".