Le secteur bancaire ne cessait de creuser ses pertes jeudi après-midi à la Bourse de Paris, Société Générale en tête, les investisseurs craignant qu'il souffre de problèmes de liquidités importants après des inquiétudes prêtées en ce sens à la Réserve fédérale américaine.
A 16H18 (14H18 GMT), Société Générale dévissait de 10,39%, Crédit Agricole cédait 7,41% et BNP Paribas 6,51% dans un marché en très forte baisse sur l'ensemble des places boursières européennes.
Le secteur était d'abord affecté par les craintes, rapportées par le Wall Street Journal de jeudi, de la Réserve fédérale américaine.
Selon le quotidien, l'institut monétaire s'inquiète de la capacité des filiales aux Etats-Unis de banques européennes à maintenir un niveau adéquat de liquidité, au cas où leurs maisons mères seraient contraintes à rapatrier brutalement des capitaux.
"Cela remet au premier plan les déclarations très inquiétantes tenues récemment par le président de la BCE Jean-Claude Trichet, et qui étaient clairement passées inaperçues auprès des investisseurs", commente Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque.
La BCE avait annoncé le 4 août qu'elle allait venir en aide aux banques, en mettant à leur disposition des liquidités supplémentaires.
Une opération exceptionnelle de prêt sur six mois avait été annoncée par M. Trichet, en réaction aux "tensions renouvelées sur certains marchés de la zone euro".
L'institut monétaire avait déjà procédé à ce type d'opérations pour faire face à la crise mondiale, mais ces opérations avaient cessé fin 2009.
Société Générale s'enfonçait davantage que le reste du secteur.
"La banque est très fragilisée depuis l'affaire Kerviel. Il est donc logique qu'elle trinque toujours plus et elle reste affectée par les rumeurs de la semaine dernière" évoquant son éventuelle faillite, a commenté Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
Cette dégringolade du secteur bancaire intervient alors que les ventes à découvert sur ces valeurs ont été interdites temporairement en France et dans d'autres pays en Europe.
La vente à découvert consiste à emprunter un actif dont on pense que le prix va baisser et à le vendre, avec l'espoir d'empocher une forte différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur.
Ce mécanisme, très spéculatif, avait été montré du doigt lors de l'effondrement de plus de 22% en séance du titre Société Générale le 10 août.