La Bourse de Paris devrait ouvrir en hausse jeudi, tentant de rebondir au lendemain d'une séance noire qui a vu dégringoler le secteur bancaire sur fond de rumeurs évoquant une faillite de la Société Générale et un abaissement de la note de la France par l'agence de notation Fitch.
Le contrat à terme sur le CAC 40 prenait 2,47% une quarantaine de minutes avant l'ouverture de la séance.
La veille, le marché parisien, à l'unisson des Bourses européennes, a plongé de 5,45%, du jamais vu depuis décembre 2008. A Wall Street, le Dow Jones a perdu 4,62% et le Nasdaq 4,09%.
Les principales places asiatiques ont ouvert dans le rouge jeudi et beaucoup restaient en baisse en matinée ou à la mi-séance. Séoul a plongé de 4% lors des premiers échanges mais a clôturé en hausse de 0,62%, tandis que Hong Kong cédait 0,89% et Shanghai 1,58%.
Paris a vécu mercredi "une séance folle", de l'avis des experts, et le secteur bancaire n'avait pas été attaqué aussi violemment depuis Lehman Brothers.
Société Générale a perdu jusqu'à 22,5% en séance. A la clôture, sa chute était de 14,74% à 22,18 euros, ce qui signifie que la capitalisation boursière de la banque a fondu de près de trois milliards d'euros en une journée, s'élevant mercredi à 17,2 milliards.
Les valeurs bancaires ont souffert du fait que la Grèce pourrait étendre son programme d'échanges d'obligations afin d'y inclure des titres à plus longue échéance, ce qui pénaliserait en premier lieu ses créanciers privés et donc les banques.
Mais les rumeurs les plus folles sur une possible faillite de la Société Générale et une éventuelle dégradation de la note française par l'agence de notation Fitch ont contribué à affoler.
Les nombreux démentis de Fitch elle-même n'ont pas réussi à éteindre l'incendie.
Les dirigeants politiques sont une fois de plus montés au créneau.
Le président américain Barack Obama a reçu mercredi le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke, pour discuter des difficultés de l'économie américaine et des risques de contagion de la crise de la dette européenne.
Paris et Rome ont également essayé de rassurer les investisseurs sur leur détermination à maîtriser leurs budgets.
Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi interrompu ses vacances pour présider une réunion de crise. Paris promet d'annoncer, le 24 août, de nouvelles mesures pour atteindre ses objectifs de réduction du déficit, indispensables pour conserver sa note "AAA".
Le gouvernement de Silvio Berlusconi s'est de son côté engagé à adopter au plus tard le 18 août de nouvelles mesures d'austérité destinées à revenir à l'équilibre budgétaire dès 2013 en économisant 20 milliards d'euros supplémentaires.
"L'effondrement des marchés d'actions mondiaux a été trop important", notent les analystes d'Axa IM, qui espèrent davantage de rationalité pour cette séance.
Mais les inquiétudes sont loin d'être dissipées, notamment celles portant sur le ralentissement de l'économie mondiale.
La très grande nervosité des investisseurs devrait donc perdurer alors qu'aucun indicateur majeur n'est au programme ce jeudi.
Les chiffres du commerce extérieur américain en juin et les demandes hebdomadaires d'allocations chômage seront publiés outre-Atlantique.
VALEURS A SUIVRE
LE SECTEUR FINANCIER sera l'objet de toutes les attentions, après sa dégringolade de la veille. SOCIETE GENERALE a demandé à l'autorité boursière française, l'AMF, d'enquêter sur les rumeurs qui ont fait dévissé le cours de son titre. L'ensemble du secteur sera très suivi. CREDIT AGRICOLE a chuté de près de 12%, BNP PARIBAS de 9,5% et AXA de près de 11%.
SAINT-GOBAIN va racheter la totalité du capital de la société Solar Gard (films de spécialités) au groupe belge Bekaert, pour un montant non communiqué.