Avec la débâcle boursière des derniers jours, les entreprises cotées ont vu leurs capitalisations boursières fondre comme neige au soleil, une situation qui avant tout plombe le moral des patrons comme des actionnaires.
Les chiffres sont impressionnants. Les places financières américaines et européennes ont engouffré 917 milliards d'euros vendredi et lundi, selon des estimations des analystes de Dexia Securities, filiale de courtage de la banque franco-belge Dexia.
"En deux jours on a perdu, des deux côtés de l'Atlantique, 37% des pertes des six mois précédents", souligne Jean-Paul Pierret, de Dexia Securities.
Les estimations divergent, selon les modes de calcul.
Pour le courtier Aurel BCG, la note monte à 2.686 milliards de dollars, entre vendredi et lundi, tous les marchés mondiaux confondus.
"Comme on peut le voir, l'addition est lourde", commente Jean-Paul Pierret, de Dexia Securities.
Mais que représentent réellement ces chiffres ? Qui a perdu quoi au final ?
En réalité, ce sont les capitalisations boursières des entreprises qui ont fondu. La capitalisation, c'est la valeur d'une entreprise sur les marchés à un instant T. On la calcule en multipliant le nombre d'actions composant le capital d'une entreprise par le cours de Bourse du jour.
Un effondrement des capitalisations ne se traduit par aucune destruction monétaire mais peut avoir des répercussions indirectes.
"Cela crée une crise de confiance qui peut se transmettre à l'économie réelle: il se passe quelque chose, donc j'arrête mes investissements et je licencie", observe Christian Parisot, chef économiste chez Aurel BGC.
Pour les petits actionnaires, la perte réelle n'est pas quantifiable car tout dépend à quel prix ils ont acheté leurs actions et à quel prix ils les revendront. Mais là encore, ce sont les effets ricochet qui jouent.
Les ménages américains ont des retraites par capitalisation. Si les marchés s'effondrent, ils seront tentés d'épargner davantage et donc de consommer moins. Et comme la consommation est le moteur de la croissance américaine, les effets sont entendus, détaille M. Parisot.
Les petits porteurs français risquent eux de revendre leurs actions et investir dans la pierre, ce qui pourrait faire monter les prix de l'immobilier, anticipe-t-il.
Pour les entreprises cotées, cette situation peut réduire "leurs capacités d'emprunt" puisque "la capitalisation reflète la valorisation" d'une société, selon Christian Parisot.
Les banques et les valeurs liées à l'industrie et aux matières premières sont particulièrement touchées. En une semaine, l'action de Société générale a par exemple perdu près de 25%, BNP près de 15%, Total plus de 12% et Technip plus de 15%.
Pour les professionnels de l'investissement, l'impact est variable. La pression n'est pas très forte pour les gérants car "ils ont une vision à très long terme", détaille Christian Parisot.
Pour les fonds d'investissement en revanche, la chute des marchés pourrait remettre en question leurs stratégies et les bloquer, selon lui.
Vendredi, les Bourses européennes avaient dévissé en raison de craintes entourant l'économie américaine et des inquiétudes sur une contagion de la crise de la dette en zone euro.
Lundi, les marchés avaient été pris de panique après la dégradation historique de la note de crédit des Etats-Unis. La Bourse de New York avait chuté de 5,55%, sa pire journée depuis décembre 2008.
Après un rebond mardi, les marchés ont été entraînés mercredi par la chute des valeurs bancaires face à de nouvelles inquiétudes sur la Grèce et des rumeurs de dégradation de la note de la France: la Bourse de Paris a dégringolé de 5,45%, Francfort de 5,13% et Londres de 3,05%.