La Bourse de New York a lourdement chuté jeudi, à l'image des places européennes avant elle, minée par les craintes de voir l'économie mondiale ralentir: le Dow Jones a perdu 4,31% pour retrouver son niveau de décembre, et le Nasdaq 5,08%.
Selon des chiffres définitifs, le Dow Jones Industrial Average a lâché 512,76 points à 11.383,45 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 136,68 points à 2.556,39 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a abandonné 4,78% (ou 60,27 points) à 1.200,07 points.
"Nous avons assisté à l'érosion, puis à la disparition de la confiance des investisseurs. Confiance dans l'économie, confiance dans le marché, confiance dans les dirigeants politiques", a indiqué Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.
En quelques jours seulement, depuis la clôture du 21 juillet, l'indice Dow Jones a perdu plus de 1.300 points. Dans un volume d'échanges étoffé, il est revenu à son niveau de clôture du 9 décembre, après sa pire séance en terme de pourcentage depuis février 2009.
L'indice Vix, surnommé "indice de la peur" et qui calcule la volatilité du marché, s'est envolé de 35%.
Le marché réagit à "tout ce qui se passe en Europe, aux indicateurs économiques faibles aux Etats-Unis, simplement à la peur que l'économie ne se dirige vers une nouvelle récession. Le marché reflète tout ça dans les prix", a expliqué Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital.
Wall Street a suivi les places financières européennes, qui ont reculé de plus de 3%. Les marchés de matières premières ont aussi tangué, le baril de pétrole cédant près de 6%.
Les investisseurs craignent que la crise de la dette ne s'étende aux grosses économies de la zone euro que sont l'Italie et l'Espagne, dont les taux obligataires grimpent en flèche. L'intervention de la Banque centrale européenne et de son président, Jean-Claude Trichet, jeudi n'a pas convaincu.
Ces craintes s'ajoutaient aux multiples déceptions causées par les indicateurs américains ces derniers jours.
"C'est inquiétant de voir qu'au coeur de tout cela se trouve la crainte que le ralentissement économique observé aux Etats-Unis ne soit pas que transitoire, car ce sont maintenant les indicateurs pour juillet qui sont publiés et ils sont terribles", a expliqué Hugh Johnson.
Les chiffres du département du Travail jeudi ont été légèrement supérieurs aux attentes -- les nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont très légèrement baissé lors de la dernière semaine de juillet -- mais les investisseurs n'étaient pas optimistes à la veille de la parution vendredi des très attendus chiffres officiels du chômage.
Le marché obligataire a recueilli les investisseurs en quête de sécurité. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans s'est replié à 2,458% contre 2,599% mercredi soir, et celui du bon à 30 ans à 3,722% contre 3,873%.
Les secteurs les plus touchés ont été l'énergie, l'industrie et la finance. Au sein du Dow Jones les plus fortes baisses ont été signées par le producteur d'aluminium Alcoa (-9,26% à 12,94 dollars) et la banque Bank of America (-7,44% à 8,83 dollars).
Les très bons résultats du constructeur automobile General Motors, largement au-dessus des attentes, n'ont pas été récompensés sur le marché. Le titre a perdu 4,34% à 25,99 dollars.
Le groupe agroalimentaire Kraft Foods a fini par céder (-1,52% à 33,78 dollars) après avoir navigué à contre-courant du marché la majeure partie de la séance, porté par la publication de ses résultats et l'annonce de sa scission en deux entités cotées.
Plusieurs chaînes de magasins ont publié les chiffres de leurs ventes au détail, qui ont déçu, dont Kohl's (-7,96% à 47,67 dollars) ou gap (-11,61% à 16,98 dollars). Après un recul de ses ventes en magasins de 14% en juillet, le vendeur de vêtements Aeropostale a été puni (-24,15% à 12,53 dollars).