L'impasse au Congrès américain sur la dette du pays a provoqué de premiers signes de tension à Wall Street vendredi, mais les marchés ne paniquaient pas à l'approche de la date fatidique du 2 août.
Ce sont les marchés boursiers qui ont le plus souffert jusqu'ici de l'incertitude provoquée par le blocage persistant au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette, à quatre jours de la date butoir après laquelle le pays risque un défaut de paiement selon le Trésor américain.
La Bourse de New York a encore perdu 0,79% vendredi, à l'issue de sa pire semaine de l'année. Mais même après avoir reculé de 4,24% depuis le 22 juillet, elle se retrouve à son niveau de fin juin, un recul difficilement assimilable à un mouvement de panique.
Pour Gregori Volokhine, un analyste de la maison de courtage Meeschaert Capital Markets, le marché "s'habitue à la théorie selon laquelle les politiciens de Washington vont trouver un accord au dernier moment".
Sur le marché obligataire, pourtant le premier concerné au cas où le Congrès ne relèverait pas le plafond de la dette américaine, les rendements des bons du Trésor américain se sont repliés, signe qu'ils sont restés très demandés.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans s'est replié à 2,805% contre 2,951% jeudi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,132% contre 4,257% la veille.
Mais si les obligations à long terme restaient demandées, témoignage de la confiance globale des investisseurs dans l'économie américaine, les contrats d'assurance contre le défaut de paiement, les CDS, ont atteint vendredi leur plus haut niveau depuis fin mars 2009 et les taux courts se sont nettement tendus.
Les CDS étaient vendredi à 64 points de base, ce qui signifie qu'il faut débourser 64.000 dollars par an pour assurer 10 millions de dollars de dette d'Etat américain à 5 ans.
Quant aux taux courts, ils se tendaient fortement sur toutes les échéances rapprochées. Le taux des bons du Trésor à un mois ont bondi à 0,177%, contre 0,096% jeudi soir, leur plus haut niveau depuis la mi-février 2009.
La situation s'est également tendue sur le marché monétaire, où certains fonds mutuels, qui investissent traditionnellement dans des titres de dette à court terme jugés sans risque, en ont vendu en masse.
Selon des statistiques disponibles vendredi sur le site internet d'une association professionnelle du secteur, l'ICI, ces fonds contrôlaient 2.634,04 milliards de dollars à la date de mercredi, soit 37,5 milliards (ou 1,4%) de moins qu'une semaine auparavant, et 62,3 milliards (ou 2,3%) de moins que deux semaines auparavant.
Pour se préparer à une éventuelle dégradation de la notation de la dette américaine, les grandes banques et les établissements financiers ont accru leurs liquidités.
L'assureur MetLife a ainsi indiqué vendredi avoir prolongé toute les maturités de ses bons du Trésor à court terme au-delà d'août et étoffé ses liquidités, tout en soulignant que la situation n'avait rien à voir avec la crise financière de 2008, lorsque les marchés monétaires s'étaient gelés après l'effondrement de la banque Lehman Brothers.
"Nous avons ajouté plusieurs milliards de dollars de cash supplémentaire, ce que nous pensons prudent de faire dans le climat d'incertitude actuel", a déclaré le directeur des investissements de MetLife, Steven Goulart.
Sur les marchés, "il commence à y avoir de la tension. Rien à voir avec les niveaux catastrophiques que nous avons eus (en 2008), mais il est certain qu'on la perçoit de jour en jour et d'heure en heure", a-t-il relevé.
"Surtout, tout le monde amasse des liquidités", a précisé M. Goulart. "Regardez les flux des marchés monétaires, ils ont atteint des niveaux record, c'est une période d'incertitude et ce que la plupart des gens font, c'est essayer de rendre liquides leurs actifs".