La Bourse de Paris a terminé en baisse de 2,27% lundi, à son plus bas niveau depuis août 2010, affectée par l'accord sur la dette américaine jugé insuffisant et par de mauvais indicateurs qui ravivent les craintes sur la santé de la première économie mondiale.
Après avoir ouvert en nette hausse, la tendance s'est complètement retournée dans l'après-midi et le CAC 40 a abandonné à la clôture 83,23 points à 3.588,05 points dans un volume d'échanges de 4,042 milliards d'euros. Il enfonce ainsi le plus bas de l'année atteint le 18 juillet 2011 à 3.650,71 points.
Même pessimisme sur l'ensemble des places européennes. Francfort a perdu 2,86%, Madrid 3,24%, Milan 3,87% au plus bas depuis deux ans et l'Eurostoxx 50 2,88%. Londres a réussi à limiter les dégâts (-0,70%) grâce aux résultats semestriels d'HSBC.
"Les investisseurs ont analysé le plan américain au cours de la séance et se sont montrés de plus en plus sceptiques quant à son efficacité", a résumé Dov Adjedj, vendeur d'actions chez le courtier Aurel.
Barack Obama a annoncé tard dimanche soir que démocrates et républicains étaient parvenus à un compromis pour relever le plafond de la dette fédérale, écartant le risque de voir les Etats-Unis en situation de défaut de paiement.
Mais ce compromis est largement insuffisant aux yeux des analystes.
"Des hausses d'impôts ne sont pas prévues contrairement au souhait des démocrates et les réductions des dépenses sont minimales", a déploré M. Adjedj.
"Les détails de l'accord restent flous", ont souligné pour leur part les économistes du courtier Aurel BGC.
L?heure est à la prudence d'autant que l'accord doit être ratifié avant mardi minuit (04H00 GMT mercredi) par les démocrates et les républicains du Congrès. Or les concessions faites risquent de ne pas plaire à certains élus qui laissent planer le doute sur son adoption.
Le net ralentissement de l'activité manufacturière aux Etats-Unis en juillet a aussi fortement inquiété les opérateurs.
Le marché avait dû déjà encaisser vendredi des chiffres très décevants sur la croissance américaine au premier et deuxième trimestres, et attend en fin de semaine le rapport sur l'emploi portant sur le mois de juillet, pour lequel les estimations ne sont pas très optimistes.
Enfin, les craintes selon lesquelles Chypre pourrait faire appel au dispositif d'aide européen après la Grèce, l'Irlande et le Portugal ravivent les risques de contagion de la crise de la dette à l'ensemble de la zone euro.
Bank of Cyprus, la plus grande banque commerciale de Chypre, a appelé le gouvernement de Nicosie à prendre rapidement des mesures pour éviter que ce pays ait besoin de demander à Bruxelles un plan de sauvetage financier.
Dans ce contexte très morose, "les résultats d'entreprises publiés la semaine dernière n'ont pas été suffisamment solides et certaines sociétés ont encore été sanctionnées cette séance", a souligné M. Adjedj.
Toutes les valeurs du CAC 40 ont terminé dans le rouge.
Le secteur bancaire a été le plus touché, miné par la thématique des dettes américaine et européenne. Société Générale a perdu 4,12% à 33,30 euros, BNP Paribas 3,94% à 43,67 euros et Crédit Agricole 3,91% à 8,28 euros.
Veolia Environnement a enregistré la plus forte baisse du CAC 40 (-5,28% à 14,97 euros) toujours pénalisé par l'avertissement sur résultat lancé vendredi. Goldman Sachs a abaissé sa recommandation sur le titre à "neutre" contre "achat" auparavant.
Peugeot a cédé 3,92% à 25,50 euros après le recul des immatriculations de voitures neuves en France en juillet. Renault s'en est mieux sorti (-0,48% à 37,08 euros).
Même Air Liquide, qui avait bien démarré la séance, n'est pas parvenu à se maintenir dans le vert (-0,97% à 95,02 euros) malgré des résultats et des perspectives salués par les analystes grâce notamment à la bonne tenue des marchés émergents.
Hors CAC 40, Recylex a pris 3,33% à 5,90 euros après une bonne publication pour le deuxième trimestre.