(AOF / Funds) - "Sans surprise, la BCE a décidé de monter ses taux directeurs de 25pb, faisant ainsi passer le taux refi à 1,50%. L'institution a par ailleurs maintenu le corridor intact autour de ce dernier, fixant les taux de dépôts et de prêts à respectivement 0,75% et 2,25%. Sur le plan économique, le discours de Jean-Claude Trichet a peu évolué. La balance des risques, haussiers sur l'inflation et baissiers sur la croissance, n'a pas changé. La seule différence majeure réside dans l'intégration du ralentissement économique à venir dans l'analyse de la banque", note Cyril Regnat de Natixis.
"Selon NOS économistes, la croissance européenne devrait chuter à partir du second trimestre avec un rythme qui passerait de 0,8% t/t (T1) à près de 0,2%."
"Au final, le discours de la BCE n'est donc pas aussi dovish que celui du mois de juin (les marchés avaient à l'époque réagi à la publication des nouvelles prévisions d'Eurostat) mais il faudra probablement attendre les prochaines réunions pour avoir une idée plus précise concernant les intentions de la banque centrale. D'autant plus que l'inflation européenne devrait progressivement reculer durant les mois à venir, rendant ainsi un nouveau resserrement monétaire moins urgent."
"Ces pressions désinflationnistes et l'absence d'avancée décisive concernant la crise souveraine pourraient d'ailleurs pousser la BCE à maintenir son taux refi à 1,50% pendant de nombreux mois. En effet, la banque centrale pourrait attendre la mi 2012 avant de durcir sa politique monétaire, contrecarrant ainsi les attentes du marché et cette dernière hausse de 25pb attendue avant la fin d'année."
"Concernant la crise souveraine, la BCE a fait un pas important pour le Portugal en annonçant la suspension des critères d'éligibilité sur la dette souveraine. Le passage de la note portugaise en territoire junk par Moody's et le risque de voir les autres agences agir pareillement mettait en danger l'éligibilité des OT portugais dans le cadre des appels d'offre de la BCE (qui n'accepte normalement que les titres notés BBB- et +)."
"Le positionnement de la BCE sur la question d'un défaut de la Grèce n'a par contre pas changé d'un iota. La BCE refuse toute idée de défaut ou de selective default et écarte toute restructuration. Il faudra donc que les banques européennes trouvent une solution jugée indolore pour les agences. Si ce n'est pas le cas, il ne restera plus que les pays européens et le FMI pour sauver la Grèce."