Goldman Sachs a abaissé sa recommandation d'Achat à Neutre et son objectif de cours de 7,50 euros à 6 euros sur Technicolor dans le cadre d'une étude consacrée au fabricant de produits électroniques grand public. Le broker réagit à plusieurs profit warning dans ce secteur au cours des dernières semaines (TomTom, Wolfson et Philips). Comme point commun à ces avertissements, il cite l'exposition de ces sociétés aux biens de consommation durable, en particulier en Europe. Selon le bureau d'études, Technicolor fait partie des sociétés dont le consensus de résultats est le plus à risque.
Goldman Sachs a abaissé ses prévisions de bénéfice par action en conséquence, de 13,6% à 0,37 euro pour cette année et de 3,7% à 0,56 euro pour 2012.
L'analyste explique que l'histoire a montré que les multiples de valorisation se contractent rapidement vers leurs niveaux les plus bas en cas d'avertissement important sur les ventes ou les perspectives.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ex-Thomson, le groupe de technologie pour les médias a pris le nom de Technicolor en février 2010. Ce nom est à l'origine une marque de grande notoriété, qui appartient au groupe depuis début 2001 ;
- Ce changement de nom a crédibilisé, selon les analystes, la stratégie du groupe français articulée autour des services aux créateurs de contenu ;
- Au-delà de ce changement de nom, le groupe connaît un nouveau démarrage avec la conclusion, fin mai 2010, du processus de restructuration de son bilan. Après avoir frôlé la faillite en 2009, Technicolor est revenu dans le vert au premier semestre 2010 ;
- Le groupe bénéficie d'un profil diversifié suite à son repositionnement sur l'ensemble de la chaîne de l'image, au travers notamment de services aux créateurs de contenus et diffuseurs (studios de cinéma, diffuseurs de chaînes de télévisions, opérateurs télécoms...) ;
- Le groupe bénéficie d'un des premiers portefeuilles de brevets au monde et d'une expertise technologique reconnue dans son domaine ;
- Technicolor a gagné de nouveaux clients, comme l'américain Verizon et l'opérateur O2, filiale britannique de Telefonica. L'année 2011 devrait donc connaître une croissance des volumes soutenue grâce à ces contrats. La croissance devrait se poursuivre en 2012 avec le retour de France Telecom : Technicolor aurait remporté l'appel d'offres pour la prochaine Box d'Orange ;
- Le groupe a engagé la cession des actifs non stratégiques, notamment une partie de sa filiale Grass Valley ;
- S&P a relevé fin mars la note de Technicolor à B- (vs CCC+). Cette amélioration du rating devrait permettre à terme de refinancer la dette à un prix compétitif.
Les points faibles de la valeur
- Le changement de stratégie ne se matérialise que progressivement dans les cours de Bourse. A mi-mars, la valeur était encore en baisse de 40% sur un an. Mais elle affiche un rebond de 40% sur le premier trimestre ;
- Il s'avère difficile d'anticiper le rythme de déploiement de la révolution numérique ainsi que le modèle gagnant sur lequel elle va déboucher, ce qui crée un manque de visibilité sur le dossier ;
- Les spécialistes s'interrogent sur la capacité du groupe à renouveler son portefeuille de brevets et à développer ses propres innovations en dehors des opérations de croissance externe ;
- La situation au Japon, avec la paralysie de nombreuses chaînes de production, notamment de composants électroniques suite au tsunami, pourrait venir peser sur l'activité de Technicolor.
Comment suivre la valeur
- Technicolor est une valeur de « restructuration » ;
- Le groupe a procédé mi-juillet 2010 à un regroupement d'actions permettant à la valeur de dépasser le seuil psychologique de 1 euro et donc de sortir de la catégorie des penny stocks ;
- Le plan de restructuration financière vise à restaurer une structure d'actionnariat varié et stable ;
- Le titre est considéré comme une valeur dollar, du fait de sa forte exposition à l'Amérique du Nord (environ 40% des ventes). Il est également sensible à la conjoncture américaine et plus généralement au moral des ménages.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Selon les professionnels, réunis lors du Salon mondial de l'électronique de Las Vegas, le Consumer Electronics Show (CES), le marché mondial de l'électronique devrait avoisiner le montant record de 1 000 MdUSD (soit environ 964 MdUSD) en 2011, en croissance de 10%. Ce sont notamment les ventes d'écrans plats qui tireront le marché. Après une forte croissance en 2010 (+11% en volume), le marché des téléviseurs devrait enregistrer une hausse plus limitée cette année (+2%) avec 266 millions d'unités vendues. La technologie LCD poursuivra sa progression pour représenter près des trois quarts des ventes de téléviseurs dans le monde. L'essor de la 3D ne serait toujours pas attendu pour 2011 mais devrait plutôt intervenir en 2012. L'Europe devrait bénéficier cette année d'un marché en hausse de 23%, devant la Chine et l'Amérique du Nord (+15% tous les deux).