(AOF / Funds) - "Des rumeurs de sortie de la Grèce de l'UEM, de restructuration de sa dette ont circulé juste avant et pendant le week-end. Rumeurs qui ont été vite démenties, et remplacées par celles, plus crédibles, d'un second bailout pour le pays. Le premier bail-out avait déjà été ajusté, via une baisse des taux pratiqués (actuellement de l'ordre de 4%) et d'une extension de la maturité des prêts (à 7,5 ans)", note Natixis.
"Une aide supplémentaire, rendue quasiment incontournable tant il est peu vraisemblable que la Grèce pourra revenir dans le marché l'année prochaine, pourrait être discutée à l'occasion de la réunion des ministres de finances de la semaine prochaine. Ce sera aussi à l'occasion de cette réunion que seront dévoilés les détails du plan d'aide au Portugal."
"S&P a abaissé une nouvelle fois la note de la dette grecque, qui n'est plus que de B, contre BB- initialement. Pour l'agence de rating, le risque d'une restructuration de la dette grecque est devenu très significatif. Cette nouvelle très mauvaise nouvelle pour la zone euro a conduit à un élargissement marqué de certains spreads intra-UEM. Le spread GGB-Bund 10 ans a augmenté de 30pb, le spread PGB-Bund de 20pb, et le spread Bono-Bund de 13pb. Les spreads de CDS 5 ans pricent avec une probabilité de 70% un défaut grec."
"Ce nouvel accident de crédit conduit à une nouvelle dégradation de la note moyenne pondérée de la zone euro et, bien s-r, à une nouvelle hausse de la dispersion des notes dans cette zone. Le nouvel effort consenti à la Grèce pourrait consister en une rallonge de 25 à 30 milliards d'euros, assortie peut-être de conditions financières plus avantageuses. Ce qui est certain, et la réunion informelle du week-end dernier le confirme, c'est qu'il y a toujours en Europe une très forte volonté d'éviter une restructuration de la dette grecque en raison notamment du risque de contagion, mais aussi de l'exposition des banques au risque souverain."
"Les scénarios de sortie de l'UEM paraissent encore moins vraisemblables, compte tenu des risques qui y sont associés. L'Europe semble donc choisir la voie du fédéralisme, en transférant de la richesse des pays core vers les pays non core. La question est de savoir si ces transferts sont provisoires, autrement dit si les pays en difficulté arriveront en quelques années à recouvrer une compétitivité analogue à celle des pays core et à améliorer sensiblement la situation de leurs finances publiques, ou s'ils revêtiront un caractère permanent, parce que les hétérogénéités au sein de la zone euro seront pérennes."
"Si la seconde hypothèse est la bonne, l'autre question sera de savoir si les pays core accepteront cet équilibre. Il existe une solution a priori simple pour dépasser tous ces problèmes : l'intégration fiscale. La zone euro consolidée présente ainsi une situation budgétaire bien meilleure que les Etats-Unis ou le Royaume Uni. Mais cette OPTION est pour l'instant rejetée par tout le monde ou presque."