Selon une source de marché, JPMorgan a initié le suivi de Lafarge avec une recommandation Neutre et un objectif de cours de 58 euros. Dans une note consacrée au secteur des matériaux de construction, le broker souligne que les actions européennes du secteur ont surperformé ces dernières semaines : +13% depuis la mi-mars par rapport à l'Euro Stoxx. Les indicateurs avancés en Europe continentale et aux Etats-Unis se sont améliorés mais donnent toujours des résultats très volatils.
La fin de 2011 devrait présenter de meilleures conditions pour les marchés de la construction dans les pays développés, avec une amélioration du marché de la construction résidentiel aux Etats-Unis et en Europe continentale, suivie d'une reprise du secteur privé de la construction et des infrastructures.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre ;
- Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisés au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008) ;
- Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ;
- Le groupe prend les mesures nécessaires pour redresser sa situation financière. Le programme de réduction des coûts, visant à réduire le poids de la dette (15 milliards d'euros) qui a explosé suite au rachat d'Orascom, entamé en 2010, se poursuit cette année. La réduction de la structure des coûts va conférer un effet de levier sur les résultats du groupe lors de la reprise de l'activité.
Les points faibles de la valeur
- Le secteur de la construction reste à la peine en Bourse. Après avoir affiché la plus forte baisse au sein du CAC 40 en 2010, Lafarge était toujours dans le rouge au premier trimestre 2011 ;
- Le poids de la dette reste une préoccupation majeure qui pèse sur la valeur en Bourse. La notation de la dette a été abaissée mi-mars par S&P en catégorie « spéculative ». L'accès au marché obligataire va donc être plus compliqué et, en tout état de cause, plus cher ;
- Le groupe réduit le montant de son dividende pour alléger son endettement ;
- La visibilité reste faible sur la reprise. Le redressement des volumes sera plus lent que prévu et interviendra au mieux en 2012 ;
- Le groupe poursuit la réduction de ses investissements de capacité alors que ses concurrents les ont repris. Cela risque d'hypothéquer le potentiel de gain de parts de marché du groupe à moyen terme, notamment dans les zones en forte croissance ;
- Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures ;
- L'exposition du groupe au Moyen-Orient le rend sensible à la montée du risque géopolitique dans la région depuis le début de l'année. La visibilité sur les volumes et les prix s'en trouve limité.
Comment suivre la valeur
- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. Mais également des conditions climatiques ;
- Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment ;
- Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis ;
- Les marchés vont suivre avec attention le déroulement du programme de réduction des coûts ;
- Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Moody's a modifié les perspectives du secteur des matériaux de construction en Europe, en les portant de «négatives» à «stables». Cela souligne que les conditions de crédit du secteur ne devraient ni s'améliorer ni se détériorer dans les douze à dix-huit mois qui viennent. La demande semble s'être stabilisée à un faible niveau au quatrième trimestre 2010 et la reprise de la construction résidentielle devrait autoriser une hausse graduelle des volumes en 2011. Néanmoins, un biais négatif est toujours associé à cette perspective stable car des zones de fragilité demeurent au sein de certains pays de la zone euro, comme l'Espagne, l'Irlande et la Grèce. La reprise économique y est lente et la dette toujours élevée. L'agence considère donc que la demande restera sous pression dans ces zones de marché. Sur le segment du ciment, après un recul de 3% de la consommation française en volume en 2010, le Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) prévoit une reprise molle cette année : elle ne devrait pas dépasser les 2%.