La Bourse de New York était en nette baisse lundi à la mi-journée, accablée par les problèmes de dette en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, où le déficit budgétaire inquiète l'agence de notation Standard & Poor's: le Dow Jones perdait 1,63% et le Nasdaq 1,74%.
Vers 15H50 GMT, le Dow Jones Industrial Average cédait 200,94 points à 12.140,89 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 48,10 points à 2.716,55 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 reculait de 1,50% (19,85 points) à 1.299,83 points.
Vendredi, Wall Street avait fini en hausse avec le soutien d'indicateurs meilleurs qu'attendu, qui avaient pris le pas sur des résultats décevants de grands noms de la cote. Le Dow Jones avait gagné 0,46%, le Nasdaq 0,16% et le S&P 500 0,39%.
"C'est un coup de grisou sur les marchés qui vient aussi bien des problèmes de dettes en Europe que, maintenant, de la constatation par Standard and Poor's que les Etats-Unis sont aussi dans une situation où ils ne peuvent pas rester inactifs", a constaté Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets.
La publication quelques minutes avant l'ouverture de la Bourse du rapport de l'agence d'évaluation financière a rapidement enfoncé les indices, prenant les investisseurs par surprise.
Standard and Poor's a abaissé à "négative" la perspective d'évolution de la note de la dette des Etats-Unis, en raison de l'importance de leurs déficits budgétaires, ce qui implique qu'elle pourrait l'abaisser à moyen terme, tout en réaffirmant sa note optimale de "AAA".
"Cela met la pression sur les décideurs américains, à la fois démocrates et républicains, pour agir sur la question", a souligné Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.
"En d'autres termes, il faut mettre de l'ordre dans la situation budgétaire. (Mais) se diriger vers l'austérité avant que l'économie ne soit remise fermement sur pied peut être très risqué", a ajouté l'analyste, rappelant que les mots "austérité budgétaire" sont fort peu appréciés des investisseurs.
En Europe, les principales places financières ont terminé en forte baisse face aux interrogations grandissantes autour de la dette de la Grèce, qui se défendait toutefois d'une nécessité de la restructuration de sa dette.
Les secteurs sensibles à la conjoncture économique étaient les plus mal en point. Au sein de l'indice Dow Jones, le fabricant d'engins de chantier Caterpillar (-3,88% à 103,05 dollars), la banque Bank of America (-3,51% à 12,37 dollars), le pétrolier Chevron (-2,12% à 103,99 dollars) tanguaient.
Le relèvement des taux de réserves bancaires en Chine, qui souhaite dompter son économie afin de limiter l'inflation élevée dans le pays, avait déjà mis le marché sur la défensive avant l'annonce de Standard and Poor's.
Le marché entamait une semaine écourtée par le Vendredi Saint (férié pour les places américaines), mais chargée en résultats d'entreprises.
Les publications de lundi étaient supérieures aux attentes. La banque Citigroup (+0,90% à 4,46 dollars) a enregistré un bénéfice net légèrement meilleur qu'attendu au premier trimestre, même s'il a reculé de 32% sur un an notamment en raison d'une chute du chiffre d'affaires.
"Cette actualité avec S&P change le ton (sur le marché). Il va avoir besoin d'aide, et besoin de l'aide des résultats trimestriels" attendus cette semaine de sociétés importantes comme Goldman Sachs, General Electric, ou IBM, a noté Hugh Johnson.
Le groupe de services pétroliers Halliburton (+1,09% à 47,33 dollars) a multiplié par plus de deux son bénéfice net pour le premier trimestre à 511 millions de dollars.
Le groupe américano-suisse de techniques médicales Synthes a annoncé mener des discussions avec Johnson & Johnson (-0,01% à 60,56 dollars) pour une éventuelle "combinaison" de leurs activités.
Le marché obligataire avait une réaction mitigée aux annonces sur la dette américaine. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans se stabilisait à 3,410%, comme vendredi soir, et celui du bon à 30 ans montait à 4,497% contre 4,468%.