Gilbert Dupont a maintenu sa recommandation Achat et son objectif de cours de 30,9 euros sur Ipsen après la signature d'un partenariat d'envergure pour le co-développement et la commercialisation de TASQ en uro-oncologie. Le TASQ, ou Tasquinimod, est une molécule actuellement à l'étude chez Active
Biotech. Un essai clinique de phase III chez les hommes souffrant d'un cancer de la prostate métastasé et résistant à la castration a été initié avec le recrutement en cours des patients.
Or le cancer de la prostate est la deuxième principale cause de décès chez l'homme avec un nombre de cas de prévalence du cancer en progression de 1,5% par an.
Ce nouveau partenariat permet à Ipsen d'élargir le spectre de la franchise en uro-oncologie. En cas de succès, ce médicament pourra en effet s'intégrer parfaitement dans le portefeuille de produits, en complément des formulations à libération prolongée de Decapeptyl.
Gilbert Dupont est à l'achat compte tenu des qualités intrinsèques du dossier, d'estimations conservatrices, des ratios de valorisation faibles et d'un potentiel de hausse du titre supérieur à 15%.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe biopharmaceutique s'est recentré sur la médecine de spécialités dans des domaines thérapeutiques ciblés (oncologie, endocrinologie et désordres neuromusculaires) (désormais 60% du chiffre d'affaires) qui génère plus de marges que la médecine générale et qui est moins exposée à la concurrence des grands laboratoires.
- Ipsen dispose d'un pipeline jugé de qualité au regard de sa taille. Il est beaucoup moins exposé que d'autres laboratoires au développement des génériques.
- La stratégie repose sur l'internationalisation massive des activités, la concentration des efforts dans ses domaines des thérapeutiques ciblées et sur une politique de licences et de partenariats toujours plus active.
- Le transfert de consommation des appareils (laser...) vers les injections dans le domaine du traitement des rides est favorable à Ipsen qui a obtenu en 2009 l'autorisation de commercialiser Dysport dans le domaine cosmétique en Europe et aux Etats-Unis.
- Une stratégie offensive de croissance externe a permis au laboratoire de se diversifier géographiquement et notamment de se positionner sur le marché américain. Le groupe recèle également un potentiel de développement dans les pays émergents, Chine en tête.
Les points faibles de la valeur
- Le laboratoire est très dépendant du Dysport (le challenger du Botox) et d'Autogel.
- Le groupe reste confronté à la poursuite de la baisse des ventes en médecine de ville (Smecta, Forlax, Tanakan...) ainsi qu'aux pressions gouvernementales sur le prix des médicaments dans un grand nombre de pays européens.
- Les incertitudes persistent sur l'approbation de Taspoglutide, futur blockbuster potentiel, dans le traitement du diabète de type 2. Roche a annoncé en juin 2010 un retard de 12 à 18 mois dans le programme de développement de Taspoglutide, qui était considéré comme un catalyseur.
- Aucun flux de nouvelles en provenance de Taspoglutide ne viendra donc alimenter la vie du titre Ipsen avant plusieurs mois. Les analystes ont abaissé sensiblement leurs objectifs de cours sur la valeur.
- Le pipeline s'appauvrit un peu plus. Après les déboires de Taspoglutide, Ipsen a subi fin 2010 un nouveau revers de taille avec l'arrêt des études cliniques de phase II dans l'acromégalie et les tumeurs neuroendocriennes.
- Cette nouvelle déconvenue va alimenter le sentiment négatif du marché sur la valeur depuis l'été 2010.
- A quoi s'était déjà ajouté le départ surprise, en octobre 2010, de Jean-Luc Belingard, en raison de divergences stratégiques. Très réputé dans l'industrie pharmaceutique, il était l'artisan du repositionnement d'Ipsen.
Comment suivre la valeur
- Ipsen est considéré comme une valeur de croissance et défensive. En revanche, son rendement est faible.
- Mais avec les déceptions récentes sur le pipeline et du fait du manque de catalyseurs à court terme, le titre a chuté de plus de 40% en 2010 et évolue à ses plus bas historiques et donc à son cours d'introduction de 22 euros.
- La capitalisation boursière d'Ipsen range la valeur au sein des petites et moyennes valeurs du secteur tandis que son activité la rapproche davantage des laboratoires pharmaceutiques globalement plus regroupés au sein des « large caps ».
- Les développements futurs de Taspoglutide vont être très suivis et seront le principal catalyseur pour le titre.
- L'arrivée de Marc de Garidel à la tête du groupe à l'automne 2010 ne devrait pas apporter de changements notables. Il ne devrait qu'appliquer la stratégie dictée récemment par la famille lors de l'annonce du départ de son prédécesseur, à savoir « consolider l'existant ».
- Ipsen dépend désormais des produits en hématologie pour dynamiser sa croissance à partir de 2013.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
De nombreuses opérations de croissance externe ont déjà eu lieu. Merck & Co. est devenu le numéro deux mondial en rachetant Schering-Plough pour 41 milliards de dollars. Roche a finalement réussi à acquérir Genentech, la deuxième société américaine de biotechnologies, pour 47 milliards. Abbott a repris le pôle médicaments du belge Solvay pour 5,2 milliards d'euros. La phase de consolidation se poursuit. Sanofi-Aventis cherche à acquérir la biotech américaine Genzyme pour 18,5 milliards de dollars. Le leader mondial du secteur, son concurrent américain, Pfizer est également très actif dans le domaine des acquisitions. Moins d'un an après avoir repris son compatriote Wyeth pour 68 milliards de dollars, il est de nouveau prêt à investir plusieurs milliards de dollars pour se renforcer dans les pays émergents et dans plusieurs domaines d'activité : les médicaments génériques, les traitements contre la douleur, le cancer, la maladie d'Alzheimer, les anti-inflammatoires et les neurosciences.