Selon une source de marché, Aurel conseille d'apporter les titres Rhodia à l'offre de Solvay. Selon le broker, le prix payé de 31,60 euros reste très attractif pour l'actionnaire de Rhodia. La prime ressort à 50%, alors que les opérations se réalisent en général autour de +30% sur le secteur. Le groupe belge anticipe déjà 250 millions d'euros d'économies de coûts et de synergies sur les 3 premiers exercices. A 5 fois l'Ebitda, la valorisation des synergies justifierait une création de valeur supérieure à 1,2 milliard sur les 3 ans, validant la prime payée sur le titre.
L'opération est amicale à un prix relativement élevé : une contre offre reste, selon l'analyste, clairement peu envisageable.
Par ailleurs, le bureau d'études souligne qu'Arkema (objectif de cours de 63 euros) est dans une situation comparable, et ce type d'opération reste envisageable sur ce titre au regard d'un flottant de 100%, de ratios de valorisation similaires, mais d'une capitalisation boursière sensiblement supérieure (environ 4 milliards d'euros).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Rhodia est désormais l'un des trois premiers acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base. C'est le co-leader français avec Arkema.
- Le groupe a opéré un repositionnement en profondeur avec la cession des branches les moins rentables et la réorganisation de ses activités, au nombre de 11 depuis l'automne 2010, contre 6 auparavant.
- Le groupe a souvent fait preuve d'une bonne capacité à répercuter la hausse des matières premières et du dollar sur ses prix, préservant ainsi ses niveaux de rentabilité.
- Rhodia réalise 45% de ses ventes dans les pays émergents (notamment en Chine et au Brésil) et poursuit son développement dans ces zones au travers d'acquisitions ciblées comme au début de l'été 2010 avec le chinois Feixiang Chemicals. C'est un avantage comparatif face à ses concurrents.
- Rhodia a développé une activité de revente de crédit carbone (CER).
- 30% du chiffre d'affaires du groupe s'inscrit dans une démarche de développement durable.
- La direction est confiante dans les perspectives du groupe, le carnet de commandes ne reflétant pas de signe de ralentissement.
Les points faibles de la valeur
- La valeur a gagné 80% en 2010. Certains analystes estiment que les perspectives sont déjà intégrées dans les cours.
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar.
- La visibilité sur l'activité de vente de crédits carbone est faible en raison des incertitudes sur l'allocation des quotas après la fin du protocole de Kyoto, en 2012.
- La structure bilancielle du groupe, avec notamment des capitaux propres négatifs, reste le principal point faible. La question de l'endettement financier est néanmoins en passe d'être résolue. La direction a renégocié la dette. Elle dépasse aujourd'hui de peu le milliard d'euros, soit le plus faible niveau depuis la création de Rhodia.
Comment suivre la valeur
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique et extrêmement volatile.
- Le groupe résiste mieux que ses concurrents à la crise. Son statut d'acteur incontournable du secteur pourrait être renforcé en sortie de crise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Les chimistes européens et américains demeurent prudents. Ils sont conscients qu'ils traversent actuellement une phase de croissance liée à la fin du déstockage chez leurs clients industriels. Le syndicat européen du secteur, le Cefic, qui estime que la croissance de la production devrait atteindre 2% en 2011, souligne que la reprise sur le marché européen demeure fragile. En France, l'Union des industries chimiques (UIC) considère que la croissance de la production ne dépassera pas 2,6% l'année prochaine.