L'inflation a encore accéléré en mars dans la zone euro, à 2,6% sur un an après 2,4% en février, renforçant la probabilité d'une hausse des taux de la BCE la semaine prochaine, selon une première estimation publiée jeudi par l'office européen des statistiques Eurostat.
L'inflation dans la zone euro est supérieure aux attentes des économistes interrogés par Dow Jones Newswires, qui tablaient sur 2,3%.
Elle dépasse pour le quatrième mois consécutif le seuil de 2% surveillé par la Banque centrale européenne. La BCE, chargée de veiller à la stabilité des prix en zone euro, vise sur le moyen terme une inflation légèrement inférieure à 2%.
La hausse des prix à la consommation avait dépassé cette barre pour la première fois en décembre, à 2,2%. Elle avait ensuite atteint 2,3% en janvier.
L'inflation, dopée notamment par la hausse des prix de l'énergie, est à son plus haut niveau dans la zone euro depuis octobre 2008, où elle avait atteint 3,2%.
Son accélération inquiète la BCE. Le président de l'institution, Jean-Claude Trichet, avait annoncé début mars une possible augmentation du taux d'intérêt directeur en avril, rivé à 1% depuis mai 2009.
La catastrophe qui a frappé le Japon a un temps pu laisser penser que l'institution allait différer sa décision, mais elle semble maintenant inéluctable.
Dans une tribune publiée jeudi par le Financial Times, le chef économiste de la BCE, Jürgen Stark, estime d'ailleurs qu'il est temps de "faire volte-face" dans la politique monétaire. Cela semble accréditer la thèse d'une augmentation du taux directeur de l'institution jeudi prochain, lors de sa réunion mensuelle.
"Il est très probable que la BCE augmente son taux", soulignent les économistes de BNP Paribas.
"Le fait que la hausse des prix à la consommation dans la zone euro ait été supérieure aux attentes en mars, à 2,6%, cautionne avec force une hausse du taux de la BCE de 1% à 1,25%, lors de sa réunion du 7 avril", renchérit Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.
"La BCE est déterminée à envoyer le message qu'elle sera dure sur l'inflation, malgré les situations économiques toujours difficiles dans beaucoup de pays de la zone euro et les incertitudes économiques mondiales qui résultent des événements au Japon, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", ajoute-t-il.
Les chiffres de mars "ont renforcé la probabilité que la hausse du taux de la BCE la semaine prochaine ne soit pas isolée", jugent de leur côté les économistes de Capital Economics.
"Mais la faiblesse des pressions sous-jacentes sur les prix dans la région", c'est-à-dire hors des effets conjoncturels liés aux prix de l'énergie, "suggère qu'un resserrement majeur de la politique monétaire n'est pas nécessaire", tempèrent-ils.
Parmi les pays pour lesquels des données provisoires sont déjà disponibles, l'inflation a accéléré à 2,5% en Italie et à 3,52% en Belgique. Elle est en revanche restée stable en Allemagne à 2,1%, et elle a légèrement ralenti en Espagne, à 3,3% sur un an.