
L'instabilité des marchés financiers provoque une hécatombe parmi les projets d'introductions en Bourse de grosses sociétés européennes, mais certaines petites valeurs parviennent à tirer leur épingle du jeux en dépit de la frilosité des investisseurs.
En deux semaines, la mise sur le marché de 20% de Canal+, du géant danois du nettoyage ISS ou l'armateur allemand Hapag-Lloyd est passée à la trappe.
En revanche; les appels aux marchés de la part de petites sociétés se poursuivent au rythme prévu à Paris, avec Tekka group (implants dentaires), Jemini (produits sous licence pour enfants), et tout récemment Biosynex (tests médicaux de diagnostic). Ces sociétés se sont introduites sur le marché des petites sociétés dynamiques alternext levant quelque 20 millions d'euros.
Pour son premier jour de cotation vendredi, Biosynex a plus que doublé son cours, s'envolant de +136%.
"Les Français, frileux quand il s'agit de grosses opérations et moins hardis que les Anglo-saxons ou les Allemands, sont en revanche bien placés pour ce type de sociétés, très spécialisées notamment dans le domaine médical où ils disposent d'un véritable savoir-faire", a souligné Cedric Chaboud, directeur à la gestion institutionnelle chez Lazard Frères Gestion.
Il cite les nombreuses opérations qui ont eu lieu l'an dernier (37 opérations, pour environ 100 millions d'euros levés) à l'image de celle emblématique de Carmat (développeur de coeur artificiel) en juillet.
Par rapport aux grosses opérations qui veulent lever auprès de nombreux investisseurs d'importants capitaux, ces opérations sont moins vulnérables à l'ENVIRONNEMENT économique. Elles s'adressent à un type de clientèle beaucoup moins grand public et les risques d'un mauvais accueil du marché sont donc limités, explique Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.
Pour les mois à venir, une douzaine d'opérations sur Alternext sont prévues au cours du deuxième trimestre 2011, selon Euronext. En revanche, là encore les plus grosses opérations suscitent des interrogations.
Si ces opérations auraient du redémarrer avec la fin de la crise, elles sont perturbées par la forte volatilité des marchés, indique le cabinet Ernst and Young.
"Une très forte volatilité pourrait inciter des sociétés intéressées par une introduction en Bourse à décaler leur opération ou à étudier des alternatives", reconnaît Marc Lefèvre, directeur développement commercial chez NYSE Euronext.
Les dossiers qui auraient pu voir le jour se referment à tour de rôle en attendant un environnement économique plus serein.
C'est notamment le cas de Groupama qui a reporté à 2012 son projet de cotation tout comme le transporteur Transdev Veolia. Le plus grand flou entoure également l'opération prévue par le géant suisse des matières premières Glencore ou encore celle qui pourrait concerner l'assureur-crédit Coface.
Si les introductions classiques risquent d'effrayer les investisseurs, ce n'est pas le cas des scissions, qui ont actuellement le vent en poupe. Elles permettent aux sociétés de rationaliser leurs activités et de réduire la décote boursière liée à leur statut de holding, a indiqué M. Chaboud.
Après le succès en début d'année du "spin-off" réalisé par ArcelorMittal qui s'est séparée de sa branche aciers inoxydable Aperam, de nombreuses opérations devraient suivre: Carrefour devrait lancer la cotation début juillet de sa filiale hard discount Dia. Saint-Gobain a également comme projet d'introduire en Bourse son pôle emballage en verre Verallia au deuxième trimestre.