(AOF / Funds) - "La courbe des taux swap euro s'est sensiblement aplatie depuis le mois de janvier en passant d'un point haut de 177pb sur le segment 2/10 ans à un niveau de 133pb ces derniers jours. Cet aplatissement résulte de la forte hausse des anticipations de hausse des taux de la BCE en réaction aux récentes tensions inflationnistes (prix à la consommation à 2,4% en février). On assiste depuis peu donc un aplatissement de la courbe euro par la partie courte, les taux 2 ans augmentant plus vite que les taux longs 10 ans", note Nordine Naam de Natixis.
"De fait, le sens de l'histoire va dans le sens d'un plus ample aplatissement de la courbe euro sachant que tôt ou tard, la BCE commencera à relever ses taux directeurs. Mais la question est de savoir la vitesse avec laquelle la courbe euro s'aplatira dans les prochains mois. A ce titre, cela va dépendre des anticipations de politique monétaire de la BCE et du comportement des taux longs, le tout sur fond de crise souveraine et de tensions inflationnistes."
"La pente 2/10 ans swap euro évolue en fonction du taux repo BCE et le récent aplatissement suggère que le marché anticipe une hausse des taux BCE dans les prochains mois. Le 2/10 ans swap euro est pour l'heure en ligne avec le niveau des taux 2 ans swap euro. S'agissant de la politique de la BCE, le taux 2 ans reflète déjà de fortes anticipations de hausse des taux (plus de 100pbs). En particulier, le spread de taux 2a/repo BCE a atteint 110pb, un niveau historiquement élevé augurant d'une hausse prochaine des taux BCE."
"Mais dans le passé, on a vu que les anticipations de hausse des taux directeurs pouvaient augmenter significativement avant de se dégonfler par la suite. De notre côté, nous n'anticipons pas de hausse des taux à très court terme comme le marché (septembre). Mais nous avons revu notre scénario monétaire euro avec une première hausse des taux de la BCE anticipée à partir de juin 2012 au lieu de 2013. Cela veut dire qu'un aplatissement supplémentaire provenant d'une éventuelle poursuite de la hausse des taux 2 ans est peu probable, ou sera très limité à court terme. A partir du deuxième trimestre, l'inflation devrait en outre revenir vers 2,0% puis 1,5% en fin d'année, ce qui allégera la pression sur la BCE et par là sur les taux 2 ans euros."
"De leur côté, les taux longs peuvent aussi contribuer à l'aplatissement de la courbe comme durant la période 2004 à 2006. Mais cela paraît peu probable à court terme face aux risques inflationnistes et à la rhétorique hawkish de la BCE qui cherche notamment à réduire la liquidité. De fait, les taux longs resteront volatils évoluant tantôt à la hausse du fait de la persistance des tensions inflationnistes (comme ce mercredi) et/ou de la hausse des marchés boursiers tantôt à la baisse face à la persistance du risque souverain européen."
"Pour notre part, il nous semble que les taux longs européens ont un potentiel de hausse à très court terme. Dans ce contexte, la courbe des taux a peu de potentiel d'aplatissement à court terme si on considère que le taux 2 ans est déjà suffisamment élevé. Au mieux, le 2/10 ans restera relativement stable autour du niveau actuel de 135pb dans les prochains mois avant de commencer réellement à s'aplatir en fin d'année face à un probable nouveau renforcement des anticipations de hausse des taux de la BCE."