(AOF / Funds) - "Si l'environnement actuel est marqué par des problèmes structurels d'excès de dette qui appellent à la prudence lorsqu'il s'agit de construire des portefeuilles sur le long terme, il est également important de prendre en compte la dynamique du cycle. Dans les années 1950-60, les cycles industriels étaient liés aux stocks, dans les années 1980-90, ils dépendaient du crédit tandis qu'aujourd'hui, nous pensons que les cycles sont tributaires de la liquidité, en particulier celle des banques centrales", écrit Lombard Odier.
"La liquidité des banques centrales constitue une source importante de financement pour l'économie : des flux de liquidités sont injectés dans de nouveaux projets et refinancent des actifs, dopant leurs prix, tandis que la contraction des liquidités porte atteinte à la valeur des actifs et à la dynamique de l'économie réelle."
"La taille du bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed) et le rendement du S&P500 ont été étroitement liés ces dernières années avec une solide performance des actions lorsque la banque centrale applique une politique accommodante et des replis lorsque la banque centrale resserre les rênes, ou réduit l'expansion monétaire."
"La première phase du cycle de liquidité actuel (2009-2010) a été marquée par une expansion monétaire importante et des conditions particulièrement souples à l'échelle mondiale. Une expansion monétaire massive dans les pays émergents (prêts bancaires accordés en Chine) et dans les économies développées (premier et deuxième programmes d'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis, QE1 et QE2), associée à des taux réels faibles voire négatifs dans la plupart des pays, en particulier dans les marchés émergents malgré une croissance très forte, s'est traduite par une importante relance économique et financière."
"Durant cette période, les liquidités ont afflué dans toutes les classes d'actifs, profitant tour à tour aux emprunts d'Etat, à l'or, au crédit, aux matières premières, aux actions et à l'immobilier pour enfin s'étendre à l'économie réelle par le biais d'une hausse des prix alimentaires."
"Nous amorçons actuellement une deuxième étape, un cheminement typique lorsque le cycle de liquidité arrive à maturité. Les pays émergents durcissent les conditions monétaires afin de contrer l'inflation des prix alimentaires nourrie par la hausse des matières premières. La Banque d'Angleterre est également confrontée au problème de la lutte contre les tensions inflationnistes importées, imputables notamment à la dépréciation de la livre sterling, ce qui risque d'étouffer la croissance."
"Qui plus est, le second programme d'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis prendra fin en juin, ce qui entraînera une contraction des liquidités, à moins que la Fed n'adopte un nouveau programme de politique expansionniste (QE3). Il convient de s'interroger sur la solidité de la composante privée de l'économie mondiale, tant dans les économies développées qu'émergentes : suffira-t-elle à compenser des conditions monétaires moins accommodantes ? Pour l'heure, la résurgence du débat sur le risque de récession à double creux de l'année dernière au terme du QE1 et la fragilité actuelle des actions des pays émergents nous laissent sceptiques."
"Si les emprunts d'Etat ont visiblement commencé à intégrer le resserrement monétaire, les écarts de crédit et les matières premières cycliques ne devraient pas tarder à leur emboîter le pas. A terme, nous pensons que les actions commenceront également à anticiper un resserrement monétaire à l'échelle mondiale, en particulier après le bouclement de QE2 et avant le lancement éventuel de QE3, qui entraînerait un nouveau cycle de liquidité."
"D'après nous, les conditions sont réunies pour qu'un scénario très proche de ce qui s'est passé à la fin du programme d'assouplissement QE1 en mars 2010 se reproduise. Sur le front de l'investissement, les rendements d'Etat pourraient poursuivre leur hausse ; il est donc peut-être encore trop tôt pour allonger la duration ou augmenter l'exposition à ces instruments. Toutefois, ils commencent à gagner en attrait, du moins sur une base cyclique."
"Vers la fin du premier semestre 2011, les actions devraient commencer à anticiper la fin de QE2. Par conséquent, dans cette phase du cycle de liquidité, les investisseurs souhaitant maintenir leur exposition à ce cycle haussier arrivant à maturité devraient ajouter à leur arsenal une protection à la baisse. Une opportunité cyclique d'achat d'actions devrait émerger au cours du second semestre 2011 une fois que la fin de QE2 sera intégrée et en prévision d'un éventuel QE3."